Le cas Fenechiu – les échos
« Seuls les abrutis n’éprouvent pas de peur dans de telles situations » – répondait récemment l’ex-ministre roumain des Transports, le libéral Relu Fenechiu, aux journalistes curieux de savoir s’il craignait la décision des juges dans l’affaire dite « Trasformatorul » — le Transformateur — dont il était inculpé. Et le verdict est tombé — la Cour l’a condamné à exécuter une peine de cinq ans de prison ferme, à verser des dommages et intérêts et lui a interdit d’exercer certains de ses droits sur une période de trois ans, l’accusant de complicité à l’abus de fonction en forme qualifiée. Le responsable avait été mis en cause pour avoir vendu, via les sociétés qu’il détient, des transformateurs fabriqués dans les années 1970-1980 à des prix d’acquisition d’un produit similaire nouveau à une entreprise d’Etat de maintenance et de services énergétiques, avec la complicité de la direction de cette dernière. Relu Fenechiu devient ainsi le premier parmi les ministres roumains à être condamné durant l’exercice du mandat. Toutefois, la décision de la justice n’est pas définitive.
Roxana Vasile, 15.07.2013, 12:54
D’ailleurs, ses collègues du Parti National Libéral sont sortis pour le défendre — « c’était un bon ministre qui bénéficie de la présomption d’innocence jusqu’au verdict définitif » du tribunal, ont-ils fait savoir. Néanmoins, Relu Fenechiu a passé son poste au ministère des Transports au chef du Cabinet de Bucarest, Victor Ponta, qui en assure l’intérim en attendant la nomination d’un nouveau titulaire par les libéraux.
Relu Fenechiu n’est resté à la tête de ce ministère qu’environ six mois, qui s’achèvent sur la privatisation de la compagnie ferroviaire de fret CFR Marfa et la réouverture du robinet de fonds structurels pour les transports roumains. Le rachat de CFR Marfa représentait d’ailleurs une des conditions pour la réévaluation de l’accord avec le FMI, tandis que la reprise des paiements de la Commission européenne était vitale dans ce contexte d’austérité budgétaire. Les deux sont intervenus fin juin, non sans moult débat — la privatisation de la société ferroviaire de fret s’est avérée presqu’un échec à cause du faible intérêt des investisseurs et des contestations ayant émaillé la procédure.
Voilà pourquoi, le député européen démocrate-libéral Theodor Stolojan, représentant l’opposition à Bucarest, appelait le Premier ministre Victor Ponta à tirer au clair la privatisation de CFR Marfa, mais aussi les échecs systématiques des managers privés des sociétés détenues ou administrées par le ministère des Transports. « Monsieur Ponta doit expliquer pourquoi les intérêts partisans de l’Union sociale-libérale, au pouvoir, ne permettent pas au management privé de faire son travail au sein de ces compagnies et pourquoi, en Roumanie, aucune méthode de l’économie de marché ne fonctionne, malgré les mesures positives du gouvernement », a-t-il dit. En outre, Theodor Stolojan s’est dit contrarié par l’attitude du Premier ministre et des libéraux de la coalition gouvernementale qui tentent de prouver les compétences de Relu Fenechiu, alors qu’il a coordonné des processus ayant soulevé d’importantes questions parmi les investisseurs étrangers. (trad.: Andrei Popov)