L’anti-corruption roumaine en chiffres
Les analystes ne rechignent pas à estimer que lactuelle campagne contre la corruption au sommet de lEtat roumain éclipse, par son ampleur et ses résultats, la fameuse opération « Mains propres » des années 1990, ayant fait le grand nettoyage au sein de la classe politique italienne. En Roumanie, cest la Direction nationale anticorruption qui est le fer de lance de cette action, enchaînant plusieurs premières en 2015.
Bogdan Matei, 26.02.2016, 14:49
Les analystes ne rechignent pas à estimer que lactuelle campagne contre la corruption au sommet de lEtat roumain éclipse, par son ampleur et ses résultats, la fameuse opération « Mains propres » des années 1990, ayant fait le grand nettoyage au sein de la classe politique italienne. En Roumanie, cest la Direction nationale anticorruption qui est le fer de lance de cette action, enchaînant plusieurs premières en 2015.
Parmi elles – lenquête et la mise en examen dun premier ministre en exercice, le social-démocrate Victor Ponta, larrestation dun juge de la Cour Constitutionnelle, Toni Grebla, et du maire indépendant de Bucarest, Sorin Oprescu. Et toujours lannée dernière le ministre des finances en exercice, à lépoque, Darius Vâlcov, a été placé en détention provisoire, trois des six maires darrondissement de la capitale ont été, aux aussi, interpellés, tandis que 20 élus parlementaires actuels ou anciens, 14 maires de villes grandes ou moyennes, 9 présidents de conseils départementaux et un préfet ont été déférés à la justice.
De droite à gauche, du pouvoir à lopposition, de Bucarest et de province – lensemble de léchiquier politique et tout le territoire du pays se sont retrouvés sous la loupe du Parquet roumain anti-corruption. Selon un communiqué de linstitution, le taux de condamnation est de 90%, ce qui montre la qualité des preuves recueillies par les procureurs anti-corruption et, donc, le professionnalisme de ces derniers.
La cheffe de la DNA, Laura Codruţa Kövesi, a toutefois fait savoir que lEtat devait récupérer près de 200 millions deuros, suite aux sentences définitives rendues par les juges lannée dernière. Elle a insisté sur limportance de la mise en application dun tel verdict ainsi que sur la récupération des préjudices, des démarches qui tardent à être accomplies dans nombre de cas, à cause des lacunes législatives. Laura Codruţa Kövesi: « La justice fait dénormes efforts pour enquêter et tirer au clair les cas de corruption, en utilisant des ressources financières publiques. Toutefois, ensuite, certaines personnes condamnées ne purgent pas complètement leurs peines décidées par les juges. Certains bénéficient dune libération conditionnelle grâce à des portes dérobées législatives, sans que le préjudice soit récupéré. Ce genre de situations mine gravement lautorité de lEtat et la confiance des gens en ses institutions », a dit la procureure en chef de la Direction nationale anticorruption.
Présent à la réunion de bilan de ce Parquet, le président roumain Klaus Iohannis a affirmé que la lutte anticorruption doit se poursuivre à puissance maximale. Il a notamment critiqué lattitude protectrice des élus parlementaires à légard de leurs collègues mis sous enquête, rappelant que limmunité parlementaire ne devait pas servir de bouclier face à la justice. Même prise de position de la part du premier ministre, Dacian Cioloş, qui a plaidé en faveur dun engagement commun du Parlement, du Gouvernement et de la Justice censé aboutir à un regain de confiance des citoyens envers les institutions de lEtat. Les performances des procureurs anti-corruption roumains ont été salués aussi par lambassadeur étasunien à Bucarest, Hans Klemm, très présent dans le débat public du pays. La corruption est le poison de la e démocratie, a-t-il rappelé. (trad.: Andrei Popov)