Lacunes structurelles du système de santé roumain
Roxana Vasile, 19.11.2020, 12:45
Le système de santé roumain est un des moins performants
d’Europe. Le sous-financement chronique, dont il souffre depuis une trentaine d’années,
quelle que soit la couleur politique du pouvoir en place à un moment ou un
autre, est d’autant plus visible aujourd’hui, dans le contexte de la crise
sanitaire actuelle. Comparé aux besoins des malades, chroniques ou infectés par
le SARS-Cov-2, le nombre d’établissements hospitaliers est insuffisant. Il
arrive souvent que les équipements et installations soient en mauvais état et
que le personnel soignant soit insuffisant, de nombreux médecins et infirmiers ayant
choisi, à travers les années, de partir
à l’étranger, à la recherche de meilleurs revenus et conditions de travail. De
ce point de vue, dans les villes petites et moyennes de Roumanie, la situation
est difficile, voire désastreuse, la performance professionnelle étant
impossible à réaliser, faute de personnels et surtout d’équipements. Tout cela
fait qu’à l’heure où l’on parle, la Roumanie rapporte quotidiennement une
dizaine de milliers de nouvelles infections au nouveau coronavirus et son
système de santé a de plus en plus du mal à y faire face. Le nombre de lits de
réanimation-soins intensifs en est un des problèmes aigus: même si ce nombre augmente,
le personnel soignant, qui prenne en charge les éventuels lits supplémentaires
n’est pas à l’appel.
Par ailleurs, selon une expression utilisée, il y a
environ cinq ans, par le président Klaus Iohannis, « il a fallu que des
gens meurent » pour que les autorités actuelles se disent prêtes à prendre
le taureau par les cornes. La récente tragédie de l’Hôpital départemental de
Piatra Neamț (nord-est) a bouleversé le pays: des malades, hospitalisés dans l’unité
de soins intensifs de l’établissement, ont brûlés vifs à cause, parait-il, d’un
appareil médical défaillant. Suite à cela, le chef de l’Etat a convoqué,
mercredi, des décideurs, des médecins et des ingénieurs biomédicaux, qui lui
ont présenté une évaluation de l’infrastructure nationale et de ses
dysfonctionnements. Le président Klaus Iohannis a présenté les conclusions de
cette évaluation: « Premièrement, il est nécessaire de
moderniser les installations électriques et de gaz médicaux, notamment d’oxygène.
Ensemble, nous avons trouvé la solution d’un programme de financement bien
articulé, qui utilise de l’argent européen. Deuxièmement, il est impératif de
repenser les outils législatifs et financiers, pour soutenir les services d’entretien
des équipements médicaux. La ressource humaine y joue un rôle important – les ingénieurs
biomédicaux, qui doivent être valorisés et impliqués davantage dans le
fonctionnement d’un établissement hospitalier. Tous ces aspects se retrouveront
dans le paquet législatif concernant la réforme du système de santé, que le
ministère de tutelle est en train d’élaborer. », a indiqué le
président Iohannis.
Les intentions sont, de toute évidence, honorables. Reste
à voir comment elles seront mises en pratique, le chef de l’Etat affirmant que « ce
sera un effort inscrit dans la durée ». (Trad. : Ileana Ţăroi)