La Transnistrie, un problème oublié
Mihai Pelin, 17.01.2014, 13:50
La ligne de démarcation entre le territoire contrôlé par les autorités légitimes de Chisinau et la Transnistrie séparatiste semble séparer deux mondes différents. Alors que la République de Moldova aspire à devenir membre de l’UE et essaie d’adopter et de respecter des normes démocratiques, les sécessionnistes poursuivent les pratiques soviétiques de transgression systématique des droits élémentaires de l’être humain.
Afin d’aggraver la rupture avec Chisinau, les autorités de Transnistrie n’hésitent pas à léser même le droit à l’éducation des enfants inscrits dans des écoles qui enseignent en langue roumaine, gérées par les autorités de la République de Moldova.
Les comptes en banque du lycée « Lucian Blaga » de Tiraspol, chef-lieu de la région séparatiste, ont été gelés. Selon le directeur de l’établissement, Ion Iovcev, « la mesure risque de bloquer complètement l’activité de l’institution ». Le mois dernier, le lycée avait fait l’objet d’une perquisition opérée par les soi-disant procureurs de Transnistrie, qui ont également interrogé M Ivcev et son adjoint.
A cette occasion, le leader sécessionniste Evgheni Şevciuk a menacé de fermer les écoles roumaines, si elles refusaient de passer sous le contrôle de son administration. L’indignation a été unanime. A Bucarest, le président roumain Traian Basescu a estimé que « les actions répressives et provocatrices contre les enseignants, les parents et les enfants témoignent de la transgression des droits de l’homme dans la région séparatiste ». A Bruxelles, les responsables européens ont exprimé leur inquiétude au sujet des récentes évolutions en Transnistrie et rejeté fermement les moyens par lesquels les autorités de Tiraspol pourraient peser sur l’enseignement.
De telles actions unilatérales provoquent des tensions et ne font que compliquer les négociations autour du conflit de Transnistrie, affirment les responsables de Bruxelles. Ceux-ci ont été également très surpris par les actions de Tiraspol, puisqu’elles interviennent au moment où de nombreuses voix prédisaient un apaisement des tensions. De l’avis des analystes, la voie européenne pour laquelle la République de Moldova a opté pourrait s’avérer profitable aussi pour les habitants de la Transnistrie, notamment pour les cercles d’affaires de la région.
Ce qui plus est, le changement de régime à Tiraspol entraînerait une nouvelle approche. Il y a deux ans, un relativement jeune Sevciuk avait remplacé Igor Smirnov, le leader d’une rébellion sanglante en 1992 qui a fait des centaines de morts et sorti la Transnistrie de l’autorité de Chisinau.
Autre signe d’un éventuel dégel a récemment été lancé : le premier ministre pro-occidental de la République de Moldova, Iurie Leanca, venait de proposer aux séparatistes une large autonomie, similaire à celle dont bénéficie la Catalogne à l’intérieur de l’Espagne….(trad. : Alex Diaconescu)