La Transnistrie – un conflit dégelé?
Jeudi, au bout de longS et vifs débats à huis clos, le parlement de la capitale moldave, Chişinău, n’a pas réussi à adopter une déclaration concernant la région de Transnistrie, où la situation s’est détériorée notamment après le 10 juin ; le leader transnistrien, Evgheni Şevciuk, a signé ce jour-là une loi de la frontière d’Etat de la région séparatiste moldave.
Valentin Țigău, 21.06.2013, 13:15
Le problème c’est que le document en question inclut aussi le village de Varniţa, sur la rive droite du fleuve Dniestr, dont plus de 80% de la population est roumanophone et qui est sous l’autorité légale de la République de Moldova. Chişinău a critiqué cette décision, tandis que les experts ont attiré l’attention sur le fort potentiel conflictuel des dernières actions des responsables de Tiraspol, chef-lieu d’une Transnistrie que ses dirigeants désignent comme la République Moldave Dnistrienne mais qui est « de jure » une partie de la Moldova.
Considérée comme une région autonome par la communauté internationale, la Transnistrie a déclaré son indépendance unilatéralement en 1990, accusant à l’époque le danger d’une union de la République de Moldova avec la Roumanie. Tout cet enchaînement a abouti, en 1992, à une guerre dans laquelle s’était également impliquée l’armée russe.
La population de la Transnistrie est majoritairement d’origine slave, notamment ukrainienne et russe, mais l’ethnie la plus nombreuse est celle des roumanophones qui représentent 40% de la population. Les dirigeants séparatistes contrôlent aussi bien la partie du territoire de la République de Moldova située à l’est du Dniestr que six communes plus la ville de Tighina sises à l’ouest du fleuve. Le ministre moldave de la Défense, Vitalie Marinuţă, déclarait, dans ce contexte, que l’armée moldave était prête à riposter à toute éventuelle attaque des forces du régime séparatiste.
A son tour, le président moldave, Nicolae Timofti, partage l’idée que ces provocations sont liées au rapprochement entre la Moldova et l’UE, suggérant implicitement que la Fédération Russe serait intéressée par une déstabilisation de la situation dans la région transnistrienne. Grigori Karasin, adjoint au ministre russe des AE, précisait dans une récente interview que son pays ne pouvait pas retirer sa munition de Transnistrie car Chişinău entraverait la réglementation politique du conflit.
La loi adoptée par Tiraspol devrait entrer en vigueur la semaine prochaine, mais elle a déjà été critiquée par l’OSCE, les USA et par la Roumanie. Le MAE de Bucarest estime que c’est une action provocatrice, que la communauté internationale devrait désavouer, et envoie un message sans équivoque à la présidence irlandaise en exercice de l’UE…(trad.: Ileana Taroi)