La scène politique roumaine
La crise politique continue à Bucarest, où le
président Klaus Iohannis et la première ministre Viorica Dăncilă, tous les deux
candidats aux élections présidentielles de novembre prochain, échangent des
répliques tranchantes.
Mihai Pelin, 05.09.2019, 13:30
La crise politique continue à Bucarest, où le
président Klaus Iohannis et la première ministre Viorica Dăncilă, tous les deux
candidats aux élections présidentielles de novembre prochain, échangent des
répliques tranchantes.
Le chef de l’Etat a à nouveau critiqué sévèrement le
Parti social-démocrate (le parti au pouvoir), en l’accusant de n’avoir rien fait
pour éviter que ne se répètent des cas comme celui de Caracal, où deux
adolescentes ont été kidnappées, violées et tuées. L’affaire a révélé les
dysfonctionnements profonds des institutions publiques, affectées par
l’incompétence, la corruption et l’indifférence, a affirmé le président. Klaus
Iohannis a rajouté que le gouvernement social-démocrate était un échec en soi et
il l’a accusé que, hormis quelques mesures ponctuelles, il n’a fait que
remplacer les chefs des institutions entre eux, sans les sanctionner pour leur
incompétence. Klaus Iohannis : « Comme
il nous l’a déjà prouvé à maintes reprises, le Parti social-démocrate est expert
dans la remise des choses à plus tard, en espérant que les gens oublient qui en
est réellement responsable. Les sociaux-démocrates ont abandonné les
propositions censées solutionner les problèmes systémiques au moment où leurs
barons locaux ont compris que de telles mesures les auraient obligés à lâcher
le contrôle de la justice et de la police. Au-delà du fait de durcir ou pas les
peines pour certaines infractions, il s’agit aussi du bon fonctionnement des
institutions de l’Etat. »
En réplique, la première ministre Viorica
Dăncilă a annoncé que le gouvernement allait saisir la Cour constitutionnelle
pour signaler un conflit juridique avec le chef de l’Etat. Elle accuse Klaus
Iohannis de vouloir bloquer l’activité du gouvernement en refusant de manière
injustifié de nommer les ministres de l’Energie, de l’Environnement et celui
chargé de la relation avec le Parlement. D’un autre côté, la cheffe de
l’exécutif a critiqué le chef de l’Etat de parler encore de la tragédie de
Caracal, en soutenant qu’il était indécent de s’en servir pour bloquer le
gouvernement et pour créer un environnement propice aux conflits politiques. Viorica
Dăncilă : « Ce
n’est pas l’Etat, dont il se prétend être le chef, qui doit être réinventé,
mais le président lui-même. Il parle de pouvoir, en oubliant qu’il est au
pouvoir depuis cinq ans déjà. N’oublions pas que, dans les premiers jours de
cette tragédie, Klaus Iohannis a reporté de manière non-fondée une réunion du
Conseil supérieur de la défense nationale et qu’il a hésité à renvoyer le chef
du Service des télécommunications spéciales. Ensuite, il a mis du temps avant
de s’exprimer et il l’a fait pour ne rien dire, comme c’est aussi le cas à
présent. »
Selon la première ministre, ce n’est pas
uniquement le président qui vise systématiquement à bloquer l’action du
gouvernement, mais aussi l’opposition, qui est en train de s’organiser pour accélérer
le dépôt d’une nouvelle motion de censure contre le cabinet Dăncilă. Le Parti
national libéral a annoncé qu’il négociait intensément avec les autres partis
politiques présents au parlement. Les libéraux souhaitent s’assurer qu’ils ne manqueront
pas l’occasion d’enlever le Parti social-démocrate du pouvoir, surtout en ce
moment, quand le partenaire de coalition des sociaux-démocrates, l’Alliance des
libéraux et des démocrates, vient de quitter le gouvernement. (Trad. Elena
Diaconu)