La scène politique, en ébullition
2019 a été une année plutôt atypique à
Bucarest : la gauche socialiste a tout perdu, alors que la droite libérale
a tout gagné. Pour commencer, le Parti social-démocrate (PSD), qui a dominé la
scène politique postcommuniste en Roumanie, a été nettement vaincu par les
libéraux lors des élections européennes de mai dernier. Le scrutin a vu les
socialistes récolter seulement la moitié des voix obtenues trois ans auparavant
aux élections législatives. A l’époque, ce triomphe avait marqué leur retour au
pouvoir : le PSD avait alors constitué un gouvernement de coalition avec l’Alliance
des libéraux et des démocrates.
Bogdan Matei, 20.01.2020, 13:11
2019 a été une année plutôt atypique à
Bucarest : la gauche socialiste a tout perdu, alors que la droite libérale
a tout gagné. Pour commencer, le Parti social-démocrate (PSD), qui a dominé la
scène politique postcommuniste en Roumanie, a été nettement vaincu par les
libéraux lors des élections européennes de mai dernier. Le scrutin a vu les
socialistes récolter seulement la moitié des voix obtenues trois ans auparavant
aux élections législatives. A l’époque, ce triomphe avait marqué leur retour au
pouvoir : le PSD avait alors constitué un gouvernement de coalition avec l’Alliance
des libéraux et des démocrates.
Mais retournons en 2019. Le lendemain des
européennes, Liviu Dragnea, le président du PSD, était condamné à trois ans et
demi de prison ferme pour des faits de corruption. En septembre dernier, les
libéraux-démocrates quittaient la coalition avec les sociaux-démocrates,
laissant derrière un gouvernement minoritaire dirigé par Viorica Dăncilă, la
nouvelle cheffe du PSD. Quelques semaines plus tard, le Parti national libéral
(PNL) arrive au pouvoir grâce à sa motion de censure qui entraine la chute du cabinet
Dăncilă. Enfin, candidate des sociaux-démocrates aux élections présidentielles,
Viorica Dăncilă a été vaincue au deuxième tour par le président sortant, Klaus
Iohannis, soutenu, lui, par les libéraux. Viorica Dăncilă a d’ailleurs
enregistré le plus faible score jamais obtenu par un candidat de la gauche dans
le tour décisif des présidentielles, ce qui a entraîné son limogeage de la tête
du PSD.
Désormais, le fer de lance des
sociaux-démocrates est Marcel Ciolacu, président par intérim du Parti
social-démocrate et Président de la Chambre des députés depuis l’emprisonnement
de Liviu Dragnea. Cette année, le PSD prépare sa revanche. Son premier objectif
est de bloquer le projet de loi qui modifie l’organisation des élections
locales. Actuellement, en Roumanie, les maires sont élus en un tour de scrutin
et le cabinet libéral de Ludovic Orban veut engager sa responsabilité pour
modifier cette loi. Le premier ministre déclare, de concert avec d’autres voix
de la scène politique et de la société civile, qu’il souhaite que les maires
soient élus en deux tours de scrutin pour leur conférer un plus de légitimité
politique. La règle actuelle a d’ailleurs conduit à des situations curieuses. Par
exemple, à Galaţi (sud-est), le plus grand port sur le Danube de Roumanie, l’actuel maire
a été voté par seulement 9% des électeurs.
Pour le moment, le Parti social-démocrate a
bloqué le projet de loi des libéraux dans la commission parlementaire censée le
vérifier et envisage de déposer une motion de censure contre le cabinet Orban. Le
PSD bénéficie du soutien de l’Union démocrate magyare de Roumanie, qui veut
conserver son emprise sur de nombreuses communes de Transylvanie. Par contre,
la motion est combattue par l’Union sauvez la Roumanie, par le Parti du
mouvement populaire ou encore par l’Alliance des libéraux et des démocrates,
dont les membres plaident également pour deux tours de scrutin aux locales.
Si la motion est adoptée par le Parlement, le
PSD proposera la création d’un gouvernement d’union nationale en attendant les
élections législatives d’automne. Toutefois, de l’avis des commentateurs, le
renversement du gouvernement Orban ne ferait qu’accélérer l’organisation
d’élections législatives anticipées, ce qui serait une première en 30 ans. Au
demeurant, selon les sondages d’opinion, les libéraux les emporteraient haut la
main. (Trad. Elena Diaconu)