La scène politique de Roumanie en tourment
En Roumanie, la scène politique est en train de subir des changements majeurs. Après l’échec retentissant au premier tour du scrutin présidentiel, les chefs de principaux partis, le PSD et le PNL, ont présenté leurs démissions
Ştefan Stoica, 26.11.2024, 12:18
Des résultats encourageant aux élections europarlementaires et locales
Le 9 juin dernier, les piliers du système politique roumain et partenaires au sein du gouvernement, le Parti Social-Démocrate (PSD) et le Parti National Libéral (PNL) remportaient haut la main l’élection pour le Parlement européen à laquelle ils étaient présentés sur des listes communes. En même temps, ils remportaient sur des listes séparées les élections locales, lorsque ce sont notamment les sociaux-démocrates qui se sont adjugés la plupart de mairies et des conseils départementaux du pays. Par conséquent, rien n’annonçait le désastre électoral que les chefs des deux partis allaient subir à l’élection présidentielle. Bien au contraire, les deux semblaient sûrs de leur réussite.
Des résultats catastrophiques à l’élection présidentielle
Et surprise, les aspirants des deux grands partis à la fonction suprême du pays lient désormais leur nom à un échec historique : le candidat libéral, Nicoale Ciuca, arrive en 5e position au premier tour du scrutin présidentiel avec moins de 9 % des suffrages, alors qu’un des favoris de la course présidentielle, le premier ministre social-démocrate Marcel Ciolacu se classe à peine 3e, avec 19 % des voix, devenant le premier candidat de la gauche qui ne se qualifie plus au second tour du scrutin présidentiel.
Un échec assumé
Les deux ont assumé leur échec et présenté leur démission. Le PSD et le PNL auront désormais des chefs par-intérim, en attendant les élections législatives qui se tiendront ce dimanche, 1er décembre. Les deux partis ont donc quelques jours seulement à leur disposition pour surmonter ce choc électoral et convaincre les Roumains à leur offrir leur vote au sein du futur Parlement de Bucarest.
PSD: une nouvelle approche de la communcation
Pour ce faire, le PSD aura une nouvelle approche de l’électorat, annonce Victor Negrescu, vice-président du parti et du Parlement Européen, en charge de la communication du parti en vue de l’élection parlementaire. A son avis, il est nécessaire d’avoir une forte représentation des valeurs sociales-démocrates au sein du futur Législatif de Bucarest et promet que le PSD redoublera d’efforts pour expliquer aux Roumains ce qu’ils se propose de faire s’il bénéficie de leur vote. « Nous avons obtenu des résultats importants au niveau du gouvernement et nous aurons une nouvelle manière de communiquer avec les citoyens, beaucoup plus directe, beaucoup plus franche, pour leur dire très directement et très sincèrement ce que nous avons pu faire et que ce nous voulons faire », a déclaré Victor Negrescu.
PNL : appui inconditionnel à Elena Lasconi
Même cas de figure pour le PNL. Toute la direction du parti a démissionné et son chef par intérim est désormais Ilie Bolojan, un personnage qui lie son nom à plusieurs succès administratifs et économiques au département de Bihor (nord-ouest) et dans la ville d’Oradea. Celui-ci a fait déjà savoir que les libéraux allaient soutenir la direction pro-européenne de la Roumanie et les politiques de centre-droit, offrant leur appui inconditionnel au second tour du scrutin présidentiel à Elena Lasconi, leader de l’Union Sauvez la Roumanie, arrivée en 2e position au premier tour.
Pour rappel, le 8 décembre prochain, au second tour de l’élection présidentielle, Elena Lasconi affrontera le candidat indépendant, Călin Georgescu, qui a remporté le premier tour avec une victoire aussi retentissante que surprenante, réussissant réunir près de 23 % des suffrages et dépasser de loin tous ses adversaires. Tout cela, malgré ses visions extrémistes et pro-russes, qui lui ont valu l’image d’un personnage toxique et dangereux, tout juste après la fin du premier tour de scrutin.
C’est pourquoi, dans les jours à venir, les libéraux présenteront les politiques publiques qu’ils souhaitent faire passer au Parlement, et qui visent entre autres à rendre l’Etat plus efficace, à réduire le gaspillage, à développer les communautés locales par la décentralisation, appuyer davantage les élus locaux, à renforcer l’Etat de droit, aider à avoir un système de justice indépendant et des politiques équitables fondées sur le mérite ou encore à créer des normes à même de stimuler des comportements corrects au sein de la société.