La Roumanie peut-elle stopper le déclin démographique ?
Une première mise en garde était lancée en décembre 2015, lorsque l’Institut national de la statistique publiait l’annuaire démographique de la Roumanie. Le document recèle des données statistiques sur le nombre d’habitants, sur la structure de la population, ses mouvements naturel et migratoire. Il conclut à ce que la population diminue chaque mois de plusieurs milliers de personnes.
Bogdan Matei, 20.04.2016, 13:14
Au fur et à mesure de sa modernisation, la Roumanie se voit confronter aussi aux phénomènes démographiques négatifs que l’Europe occidentale a déjà expérimentés il y a quelques décennies. Le nombre d’enfants par famille décroît, les femmes décident de procréer à des âges toujours plus avancés, les mariages sont moins nombreux, alors que les divorces se multiplient.
Le directeur du Centre de recherches démographiques de l’Académie roumaine, Vasile Gheţău, a fait savoir mardi qu’en 2015 le taux de fécondité avait atteint le niveau le plus bas jamais enregistré ces 50 dernières années. Il a également précisé que depuis un certains temps le taux de mortalité reste supérieur à celui de la natalité.
En outre, durant les 25 ans écoulés depuis la chute du régime communiste, le pays a connu une accélération très sensible de la dépopulation, consécutive à l’ouverture des frontières, qui fait que plusieurs millions de Roumains vivent actuellement à l’étranger. Cette hémorragie migratoire semble s’être arrêtée dernièrement, en ce sens que le nombre des Roumains qui quittent le pays n’est plus supérieur à celui qui le regagnent.
Toutefois, ce phénomène continue de contribuer à la décroissance démographique, car la plupart des émigrants étant âgés de 25 à 34 ans, cela nuit gravement à la natalité. Depuis 1989, la population de la Roumanie est passée de 23,2 à 19,8 millions d’habitants. On assiste donc à un revers de tendance, si l’on pense au boom démographique de l’année 1966, lorsque l’interdiction des IVG avait conduit à une progression de 26 % du nombre d’habitants. Les spécialistes désavouent cette ingérence brutale de l’Etat communiste dans la vie des familles et soulignent que de tels effets immédiats sont caractéristiques des régimes totalitaires. Il existe pourtant des pays occidentaux, comme la France par exemple, qui a enregistré une croissance démographique de 13% durant le dernier quart de siècle.
Selon les calculs des experts, pour inverser la courbe du déclin démographique roumain, il faudrait que chaque couple ait plus de deux enfants. Et cette situation devrait être maintenue au moins une cinquantaine d’années, par des mesures censées soutenir les familles, assurer les services de soins des enfants, réduire le taux de mortalité infantile et augmenter l’espérance de vie. Les fonds publics alloués à la mise en œuvre de ces mesures devraient progresser de 10% d’une année à l’autre.
Pour l’instant, une nouvelle loi prévoit d’éliminer, à partir du 1er juillet, le montant maximum mensuel de indemnité de congé parental, qui s’élevait jusqu’ici à l’équivalent de seulement 760 euros. Or, aux termes du nouveau texte législatif, cette indemnité se chiffrera à 85% des revenus. Enfin, les experts du Centre de recherches démographiques affirment que, parallèlement au redressement de la natalité, le ministère de la Santé devrait mettre en place un programme de réduction de la mortalité. (trad.: Mariana Tudose)