La Roumanie ne réussit toujours pas à utiliser les fonds européens
Lors de son adhésion à l’UE, en 2007, la Roumanie s’est vu offrir des fonds communautaires censés combler dans la mesure du possible l’écart économique entre la toute jeune démocratie roumaine et les démocraties occidentales. Entre 2007 et 2014, Bruxelles allait offrir à Bucarest plus de 19 milliards d’euros. Sur ce total, la Roumanie n’a utilisé que 14 milliards, qu’elle n’est pas arrivée à investir dans des domaines clés tels l’infrastructure, l’éducation ou la santé, comme promis par tous les gouvernements qui se sont succédé au pouvoir. La plupart de cet argent ayant fait l’objet de fraudes ou s’étant perdu en raison de la bureaucratie touffue, la Roumanie a été renvoyée en queue du peloton européen pour ce qui est du taux d’absorption des fonds structurels, a récemment affirmé la ministre roumaine chargée des Fonds européens, Aura Raducu.
Mihai Pelin, 02.03.2016, 13:40
Lors d’un débat au Parlement, celle-ci a annoncé que Bruxelles avait interrompu le versement de certains fonds européens pour le Programme opérationnel sectoriel développement des ressources humaines en raison d’irrégularités découvertes entre 2012 et 2014. Mme Aura Raducu a fait savoir qu’avant le début de son mandat à la tête du ministère, en novembre 2015, la Roumanie affichait un taux d’absorption de l’argent européen inférieur à 60%. Pour l’avenir, elle espère obtenir une hausse de ce taux par l’inclusion sur la liste des projets bénéficiant de fonds européens de ceux financés par l’argent public : « C’est une occasion unique censée nous permettre d’obtenir un taux d’absorption de 100%. Cela serait possible si l’on ne se heurtait pas à une série d’obstacles : la plupart des projets financés par des fonds publics ne remplissent pas toutes les conditions légales en ce qui concerne les procédures d’attributions des marchés publics, le certificat d’environnement ou encore le permis de construire ».
En réplique, l’ancien ministre chargé des Fonds européens, le sénateur social-démocrate, Eugen Teodorovici, affirmait que c’est au ministre en fonction de se préoccuper des paiements urgents et du lancement des projets. Si vous n’arrivez pas à vous occuper du management des fonds européens, il vaudrait mieux démissionner, avait lancé M. Teodorovici à Mme la ministre Aura Raducu : « Vous invoquez des pourcentages. Vous affirmez qu’au moment de votre installation à la tête du ministère, la Roumanie absorbait 59% des fonds structurels. Et qu’aujourd’hui, elle en absorbe 75% et que bientôt, la Commission européenne nous offrira plus de 700 millions d’euros . A une simple transformation de cette somme en pourcentages, vous allez voir qu’on est loin du taux d’absorption que vous véhiculez ».
Il suffit de jeter un coup d’œil sur nos voisins, pour voir qu’il y a des pays qui se débrouillent mieux à attirer les fonds communautaires. La Hongrie, par exemple, avait déboursé fin 2015, 87% de l’argent alloué, tandis que la Bulgarie affichait un taux d’absorption de 77%. Après l’échec des sept premières années dans cette direction, voilà qu’à présent, la Roumanie se retrouve face à un nouveau défi. Présenter d’ici 2020, des projets capables d’attirer 35 milliards d’euros de financement. (trad. Ioana Stancescu)