La Roumanie après la motion de censure
Après le renversement du cabinet de la premier ministre roumaine Viorica Dancila par motion de censure, le président Klaus Iohannis a appelé les partis membres du parlement à des consultations. Le chef de l’Etat se déclare favorable à la mise en place d’un gouvernement ayant un mandat très claire, à même d’assurer une gouvernance responsable et efficace jusqu’au prochain scrutin législatif, qu’il soit à terme ou anticipé.
Corina Cristea, 11.10.2019, 13:10
Après le renversement du cabinet de la premier ministre roumaine Viorica Dancila par motion de censure, le président Klaus Iohannis a appelé les partis membres du parlement à des consultations. Le chef de l’Etat se déclare favorable à la mise en place d’un gouvernement ayant un mandat très claire, à même d’assurer une gouvernance responsable et efficace jusqu’au prochain scrutin législatif, qu’il soit à terme ou anticipé.
Pour ce qui est de la stabilité politique dont la Roumanie a besoin, M Iohannis a précisé qu’il soutenait la variante des élections anticipées : « La meilleure solution pour redonner de la légitimité au Parlement est évidemment le retour au vote populaire, c’est-à-dire organiser des élections anticipées. Mais cela n’est possible que via un consensus des partis politiques actuellement membres du parlement » a déclaré le président roumain.
Les leaders politiques ont évoqué plusieurs scénarios possibles, à commencer par l’organisation d’élections anticipées, promue par les leaders de l’Union sauvez la Roumanie et du Parti national libéral et jusqu’à la création et l’appui d’un gouvernement minoritaire par le biais de protocoles de collaboration par exemple. Aux termes de la Constitution, le candidat nominé à la tête de l’exécutif dispose de 10 jours pour former son cabinet et pour proposer un programme de gouvernance avant de demander le vote de confiance du Parlement.
L’incertitude domine la scène politique roumaine, non seulement à cause de l’émiettement des forces politiques, mais aussi en raison des limitations imposées par la Constitution, a expliqué pour la radio publique roumaine, Augustin Zegrean, l’ancien président de la Cour Constitutionnelle. Il rappelle que la destitution du gouvernement intervient dans un moment politique compliqué, quelques jours seulement avant le début officiel de la campagne électorale pour le scrutin présidentiel du 10 novembre : « S’ils souhaitent à tout prix tenir des élections anticipées, alors un gouvernement issu de ce scrutin ne sera mis en place qu’après le Nouvel An, parce que durant les six derniers mois de son mandat, le président sortant ne peut pas dissoudre le Parlement. Son mandat s’achève le 21 décembre. Il m’est difficile à croire qu’à Noël, la première action du nouveau président sera de dissoudre le Législatif. Donc en cas d’élections parlementaires anticipées, un nouveau gouvernement sera installé vers le printemps prochain. Mais un cabinet peut être investi dès la semaine prochaine sans aucun problème. » estime Constantin Zegrean, ancien président de la Cour Constitutionnelle.
La presse internationale analyse aussi les événements politiques les plus récents à Bucarest. La motion a été soutenue par 238 députés, alors que 233 votes seulement étaient nécessaires pour écarter du pouvoir la gauche populiste, accusée de détricoter l’état de droit et de miner l’image de la Roumanie sur la scène européenne avec sa rhétorique eurosceptique, écrit La Libre Belgique.
L’opposition a accusé le gouvernement Dancila de mauvaise gestion de l’économie, d’avoir détérioré la sécurité publique et d’avoir essayé d’imposer un contrôle gouvernemental sur le système judiciaire, ajoute The New York Times.
Pour ce qui est de la perspective des élections anticipées, une situation inédite pour la Roumanie, de l’avis des journalistes de Bloomberg, elle est peu probable, vu le scrutin présidentiel prévu pour le mois prochain. Pour nombre de Roumains, cette dernière confrontation entre les forces politiques du pays prouve à nouveau le fait que les politiciens roumains ont perdu tout contact avec la société d’un pays où le chaos règne dans les systèmes médical et d’enseignement, explique aussi Euronews.
Les indicateurs économiques de la Roumanie sont inquiétants selon l’Express qui précise que tout nouveau gouvernement devra rédiger le projet de budget 2020, une tâche compliquée par l’explosion des dépenses publiques ces derniers mois. Une éventuelle réduction des dépenses publiques sera mal vue par l’électorat avant le scrutin législatif de l’année prochaine. (trad. Alex Diaconescu)