La course présidentielle en Roumanie
Le second mandat du président Traian Băsescu est entré sur la dernière ligne droite. Un bilan sujet à controverses et une image mitigée, voilà ce qu’emporte le chef de l’Etat roumain, champion autoproclamé de la lutte contre la corruption, mais dont le frère cadet se trouve derrière les barreaux. Détesté des uns, adulé des autres, Basescu ne fait ni froid ni chaud à la grande majorité des Roumains. Les yeux rivés sur l’avenir, les électeurs semblent s’intéresser davantage à sa succession.
Bogdan Matei, 18.08.2014, 14:24
Le second mandat du président Traian Băsescu est entré sur la dernière ligne droite. Un bilan sujet à controverses et une image mitigée, voilà ce qu’emporte le chef de l’Etat roumain, champion autoproclamé de la lutte contre la corruption, mais dont le frère cadet se trouve derrière les barreaux. Détesté des uns, adulé des autres, Basescu ne fait ni froid ni chaud à la grande majorité des Roumains. Les yeux rivés sur l’avenir, les électeurs semblent s’intéresser davantage à sa succession.
Le favori de la quasi-totalité des sondages pour lélection présidentielle de novembre est le premier ministre social-démocrate Victor Ponta. Unique candidat de la gauche et chef de file d’un parti discipliné, qui contrôle la plupart des leviers de l’administration, Ponta jouit d’un important avantage logistique. A cela s’ajoute l’image de leader sensible aux ennuis du peuple. Une image intensément alimentée par une partie des médias, mais aussi par la soif revancharde des militants socialistes, dont le parti n’a plus remporté le scrutin présidentiel depuis 2000. Pour le paysage politique roumain, Victor Ponta, 42 ans, est incroyablement jeune pour un potentiel gagnant des présidentielles. Ses adversaires le jugent insuffisamment mûr pour la fonction suprême de l’Etat et ces accusations ont parfois été alimentées par certains épisodes de sa prestation publique.
Alors que la gauche politique fait jouer toutes ses ressources et énergies en misant sur un seul candidat, la droite, très divisée, étale toute une liste de présidentiables. Réunis dans ce qu’on appelle l’Alliance Chrétienne-Libérale, les formations politiques les plus importantes de l’opposition, à savoir le PNL et le PDL, soutiennent la candidature du nouveau leader des libéraux, Klaus Iohannis, issu de la minorité ethnique allemande et maire de Sibiu, ville du centre de la Roumanie. Le sérieux et la maigre imagination de Iohannis sont en fort contraste avec la joie parfois inappropriée du premier ministre. Agréé par les électeurs citadins, surtout de sa Transylvanie natale, objet de la fascination que bien des Roumains éprouvent devant le mythe de l’efficacité allemande, Iohannis est, aux yeux de ses détracteurs, trop provincial pour pouvoir tenir les rênes du pays.
En ce qui les concerne, les sociologues affirment que la majeure partie de l’électorat roumain n’est pas préparée à accepter à la tête d’un pays de 80% d’ethniques roumains chrétiens-orthodoxes un personnage issu d’une communauté ethnique minoritaire et de religion protestante. Klaus Iohannis apparaît pourtant dans les sondages comme le contre candidat de Ponta au deuxième tour de scrutin, mais qu’il ne remporterait probablement pas.
Quant aux autres candidats de la droite, ils sont crédités d’un nombre infime d’intentions de vote, leurs chances de gagner étant donc nulles. Ancien premier ministre à succès et leader du PNL, Călin Popescu-Tăriceanu a beau déposer sa candidature, au nom de la dissidence connue sous le nom de libérale-réformatrice, affirment les analystes.
Désavouée par son propre parti, celui démocrate-libéral, la députée européenne Monica Macovei aspire à la présidence du pays en vertu, dit-elle, de ses affinités spirituelles avec feu Nelson Mandela.
Enfin, c’est au sein du PMP, pro-présidentiel, que les élections de cet automne suscitent les plus vives passions. Même s’il a été investi pour représenter le parti au scrutin de novembre, l’ex-ministre Cristian Diaconescu est durement contesté par son propre chef, l’impopulaire Elena Udrea, laquelle est convaincue d’être la seule capable de vaincre Ponta. (trad. Mariana Tudose)