La Cour Européenne des Droits de l’Homme sur la descente des gueules noires à Bucarest en 1990
Sans investigations, sans clarifications, sans punitions à temps, les crimes du passé se vengent. La Cour Européenne des Droits de l’Homme a condamné les autorités de Bucarest pour la façon d’avoir mené l’enquête sur la descente des gueules noires à Bucarest en juin 1990 les obligeant à rouvrir les investigations et à payer des dédommagements de quelques 60 milliers d’euros aux trois pétents qui n’avaient pas trouvé justice devant les tribunaux de Roumanie : Ana Mocanu dont le mari a été tué par balles pendant les événements, Marin Stoica frappé avec bestialité et Teodor Màries, abusivement arrêté et grièvement molesté. La Cour a tranché ,dans l’arrêt cité par le correspondent de Radio Roumanie à Strasbourg, que les autorités n’avaient pas pris les mesures pour identifier et punir les coupables.
Bogdan Matei, 18.09.2014, 14:07
Sans investigations, sans clarifications, sans punitions à temps, les crimes du passé se vengent. La Cour Européenne des Droits de l’Homme a condamné les autorités de Bucarest pour la façon d’avoir mené l’enquête sur la descente des gueules noires à Bucarest en juin 1990 les obligeant à rouvrir les investigations et à payer des dédommagements de quelques 60 milliers d’euros aux trois pétents qui n’avaient pas trouvé justice devant les tribunaux de Roumanie : Ana Mocanu dont le mari a été tué par balles pendant les événements, Marin Stoica frappé avec bestialité et Teodor Màries, abusivement arrêté et grièvement molesté. La Cour a tranché ,dans l’arrêt cité par le correspondent de Radio Roumanie à Strasbourg, que les autorités n’avaient pas pris les mesures pour identifier et punir les coupables.
A Bucarest, les événements avaient été enquêtés huit année durant mais le cas é été clos par « non poursuite de l’enquête pénale ». En échange, à Strasbourg les juges ont constaté la violation des articles de la Convention Européenne des Droits de l’Homme portant sur la torture, les traitements inhumains et dégradants et le droit à la vie. L’arrêt de la Cour Européenne des Droits de l’Homme rouvre en Roumanie des débats passionnés et des plaies anciennes. Cinq mois après la chute de la dictature communiste de Nicolae Ceausescu, son ex-ministre des années ’70, Ion Iliescu, perçu en tant que leader de la révolution, avait été , pratiquement plébiscité en gagnant les premières élections présidentielles libres à hauteur de quelques 85% des voix. Son parti, combinaison hétérogène de révolutionnaires authentiques et de communistes de deuxième ligne, avait adjugé, à son tour, deux tiers des places au Parlement.
A Bucarest, la Place de l’Université, occupée en avril par les étudiants et proclamée « zone libre de néo-communisme » s’était vidée car la plupart des manifestants avait accepté le verdict des urnes. L’évacuation par la Police dans la nuit de 13 juin des quelques dizaines de grévistes de la faim demeurés dans la Place a été conduite avec une force disproportionnelle évoquant la répression pendant la révolution.
Il n’est pas clair, ni même aujourd’hui, si ceux qui, le lendemain, avaient réagi par des combats de rue contre la Police occupant les sièges du ministère de l’Intérieur et de la télévision avaient effectivement des liens avec « la Place », Iliescu et les siens les qualifiant vite comme « légionnaires » (extrême droite pro-fasciste de l’entre –guerres en Roumanie) et, en dépit du fait que l’armée avait déjà rétabli l’ordre, ont adressé un appel à la population pour sauver « la démocratie en danger ».
Les mineurs de la Valée du Jiu (au centre) ont répondu à cet appel. Ce n’est que pendant deux jours, les 14 et 15 juin , que les mineurs ont fait la loi dans la capitale se substituant aux autorités légales. Assez de temps pour laisser derrière 700 blessés, mille personnes abusivement arrêtées et au moins six morts. Les locaux de l’Université ravagés, les sièges des partis d’opposition et des journaux indépendants dévastés complètent le tableau de l’invasion.
Au début des années 2000, revenu à la tête de l’Etat avec un agenda nettement pro-occidental, Iliescu allait conduire la Roumanie dans l’OTAN et dans l’antichambre de l’Union Européenne. Seulement, dans le mental collectif son nom demeure toujours associé à la descente des mineurs qui avait jeté la pays au bord de la guerre civile.(Trad. : Costin Grigore)