La Cour Constitutionnelle de Roumanie et les élections présidentielles.
C’est la fin des ambitions présidentielles de l’extrémiste pro-russe Calin Georgescu, qui a été exclu de la course à la plus haute fonction de l’Etat roumain suite à une décision de la Cour Constitutionnelle de Roumanie.

Ştefan Stoica, 12.03.2025, 12:17
Depuis la soirée du 24 novembre dernier lorsque Calin Georgescu remportait à la surprise générale le premier tour des élections présidentielles et éliminait de la course électorale des poids lourds de la politique roumaine, le nom de ce quasi-inconnu devenait du jour au lendemain le plus prononcé dans les journaux télévisés et le plus répandu sur les sites d’information. Ce fut au Conseil suprême de défense de la Roumanie de répondre d’une manière pas trop convaincante à la question comment tout cela a-t-il été possible. Ce conseil qui réunit le président, le premier ministre et les responsables des principales institutions en charge de la sécurité nationale a synthétisé les rapports des renseignements roumains et conclu que l’indépendant Calin Georgescu avait bénéficié d’une attaque hybride perpétrée par un acteur étatique étranger – et on entend ici la Russie, principalement par le biais d’une exposition immense sur la plateforme TikTok, utilisée par un Roumain sur deux.
Mais qui est Calin Georgescu?
Ce n’est qu’après le premier tour de scrutin que le grand public a pu découvrir les points du programme du candidat Georgescu et connaitre enfin un personnage qui pendulait entre la bizarrerie et la toxicité. Farouche critique de l’Occident et du statut de la Roumanie de membre de l’OTAN et de l’UE et admirateur de la Russie de Poutine, Georgescu était le promoteur d’un système économique autarchique, rappelant de la dernière partie du communisme roumain et de la dictature de Nicolae Ceausescu, faisant l’éloge de l’exceptionnalisme roumain. Et parmi ses représentants les plus appréciés aux yeux de Georgescu se trouvaient les figures de proue du fascisme roumain des années ‘30. Le 6 décembre, la Cour Constitutionnelle de Roumanie a émis un arrêt sans précédent dans l’histoire de 3 décennies et demi de démocratie roumaine : elle a annulé les élections présidentielles invoquant le fait que l’intégralité du processus électoral avait été viciée pour favoriser Georgescu.
Une nouvelle tentative de s’inscrire aux élections
Soutenu par les partis qui se proclament souverainistes, en fait populistes et ultranationalistes, Georgescu s’est inscrit vendredi dernier dans une nouvelle course au fauteuil présidentiel. Rappelons-le, le premier tour du scrutin présidentiel est prévu pour le 4 mai alors que le second pour le 18 mai. Et pourtant, dimanche, le Bureau électoral central a exclu Calin Georgescu de la course présidentielle invoquant justement la décision de la Cour Constitutionnelle de Roumanie issue en décembre. Et de toute évidence, la Cour a rejeté mardi la contestation déposée par Calin Georgescu à la décision du Bureau électoral central par une décision définitive. Conformément au Bureau électoral central, étant donné qu’il n’a pas respecté la procédure électorale, Calin Georgescu a transgressé même l’obligation de défendre la démocratie, qui repose sur des élections correctes, intègres et impartiales. Les souverainistes, menés par l’Alliance pour l’Unité des Roumains ont dénoncé ce qu’ils ont appelé une décision abusive de la Cour Constitutionnelle. Démarrée pratiquement sur Tiktok, la carrière politique de Calin Georgescu, fulminante, mais extrêmement brève, semble avoir pris fin à la Cour Constitutionnelle de Roumanie.
La surexposition a ouvert la voie à des démêlées avec la Justice.
L’ex-candidat vient d’être placé sous contrôle judiciaire, dans un dossier qui vise des délits extrêmement graves. Le premier est un des plus graves du Code Pénal, à savoir instigation à des actions contre l’ordre constitutionnel. Les autres délits sont la communication de fausses informations, faux dans ses déclarations de patrimoine et dans la publication des sources de financement de sa campagne électorale, initiation ou constitution d’organisations à caractère fasciste, raciste ou xénophobe et antisémite et adhésion ou soutien à de tels groupes, ainsi que promotion dans l’espace public du culte de personnes coupables de génocide, crimes contre l’Humanité et crimes de guerre. Calin Georgescu nie toutes ces accusations.