La collaboration des partis au pouvoir
Les associations politiques durables ne sont pas une tradition dans la Roumanie post-communiste. Redoutables aussi longtemps qu’elle se trouvent en opposition, les alliances et les coalitions commencent à être minées par des luttes intestines dès qu’elles arrivent au pouvoir et finissent pas se dissoudre avant la fin de leur mandat. L’orgueil des leaders, les intérêts divergents des partis, leurs incompatibilités idéologiques et doctrinaires, la compétition quand il s’agit de distribuer à leur clientèle politique les bénéfices découlant de leur position privilégiée mènent à des séparations prématurées et retentissantes.
Bogdan Matei, 10.01.2014, 15:13
Les associations politiques durables ne sont pas une tradition dans la Roumanie post-communiste. Redoutables aussi longtemps qu’elle se trouvent en opposition, les alliances et les coalitions commencent à être minées par des luttes intestines dès qu’elles arrivent au pouvoir et finissent pas se dissoudre avant la fin de leur mandat. L’orgueil des leaders, les intérêts divergents des partis, leurs incompatibilités idéologiques et doctrinaires, la compétition quand il s’agit de distribuer à leur clientèle politique les bénéfices découlant de leur position privilégiée mènent à des séparations prématurées et retentissantes.
C’est ce qui s’est passé, dans les années ’90, avec la Convention Démocratique et avec l’Alliance « Justice et Vérité » au début des années 2000. L’actuelle Union Sociale-Libérale (USL) ne semble pas se porter très bien, elle non plus. Le PSD et le PNL se sont associés au nom de leur aversion commune envers le président de la République, Traian Băsescu, et envers les gouvernements impopulaires du Parti Démocrate Libéral se trouvant sous son influence.
L’USL a accédé au pouvoir au printemps 2012, lorsque le leader social-démocrate Victor Ponta a été désigné premier ministre. Vers la fin de la même année, la coalition a remporté les élections parlementaires, décrochant 70% des sièges. Théoriquement, les sociaux-démocrates et les libéraux doivent gouverner ensemble jusqu’en 2016 ; pourtant, au bout d’une année au pouvoir, l’USL bat de l’aile. Le PSD soupçonne le PNL d’ententes cachées avec le PDL au niveau des administrations locales. Au niveau central, les sociaux-démocrates accusent le co-président libéral Crin Antonescu d’entretenir des relations de plus en plus cordiales avec le président Traian Băsescu.
Excédés par les suspicions de leurs partenaires, les libéraux ont fait savoir qu’il souhaitaient amender le protocole de la coalition, pour améliorer les rapports au sein de la coalition au pouvoir. Crin Antonescu : « L’année 2013 s’est achevée sur une impression générale de dispute et il est de notre devoir de résoudre ce que nous avons à résoudre, de clarifier ce que nous avons à clarifier et de continuer, si nous pouvons, notre chemin ensemble — ce que je souhaite de tout mon cœur et je suis persuadé que c’est possible. »
Tout en saluant cette initiative, le porte parole du PSD, Cătălin Ivan, a suggéré que le protocole amendé devait être favorable à son parti : « Le rapport entre les principaux partis de l’USL est de 2 à 1. Compte tenu de cette proportion, aussi bien au niveau local qu’au parlement, ainsi que des sondages d’opinion, je pense qu’effectivement nous pouvons réexaminer les documents sur lesquels est fondée l’USL. »
Sceptiques, pour la plupart, quant à la longévité de la coalition au pouvoir, les analystes estiment que, quel que soit le résultat de ce réexamen du protocole et des amendements formulés, les deux partis ne seront plus ensemble d’ici la fin de l’année. De toute façon, pour les élections au Parlement Européen prévues en mai prochain, les deux partis présenteront des listes séparées ; quant aux présidentielles de novembre, bien que le candidat officiel désigné par l’USL soit le libéral Crin Antonescu, on pense que son principal contre-candidat sera le leader du PSD et actuel premier ministre Victor Ponta. (trad.: Dominique)