Justice et Etat de Droit en Roumanie
Une tension sourde plane à Bucarest en attendant l’évaluation de l’activité des parquets général, anticorruption et anti-mafia, que le ministre de la Justice, Tudorel Toader doit présenter jeudi dans la soirée. La cheffe de la Direction nationale anticorruption, Laura Codruta Kovesi se retrouve dans le collimateur de la presse roumaine. Héroïne de la lutte contre la corruption pour certains, Mme Kovesi est également l’adversaire des politiciens ayant des démêlées avec la Justice et la cible des médias proches de ceux-ci. Sa démission ou bien sa destitution, serait l’unique solution honorable, après le scandale provoqué par les révélations au sujet de certains procureurs anticorruption, accusés d’avoir essayé de falsifier des preuves dans des dossiers visant des poids-lourds du PSD, parti qui mène la coalition gouvernementale de Bucarest.
Bogdan Matei, 21.02.2018, 13:42
Une tension sourde plane à Bucarest en attendant l’évaluation de l’activité des parquets général, anticorruption et anti-mafia, que le ministre de la Justice, Tudorel Toader doit présenter jeudi dans la soirée. La cheffe de la Direction nationale anticorruption, Laura Codruta Kovesi se retrouve dans le collimateur de la presse roumaine. Héroïne de la lutte contre la corruption pour certains, Mme Kovesi est également l’adversaire des politiciens ayant des démêlées avec la Justice et la cible des médias proches de ceux-ci. Sa démission ou bien sa destitution, serait l’unique solution honorable, après le scandale provoqué par les révélations au sujet de certains procureurs anticorruption, accusés d’avoir essayé de falsifier des preuves dans des dossiers visant des poids-lourds du PSD, parti qui mène la coalition gouvernementale de Bucarest.
Pourtant, selon les partisans de Mme Kovesi, les détracteurs les plus véhéments de celle-ci, sont justement des politiciens condamnés en première instance pour des faits de corruption dévoilés par les procureurs de son institution. Il s’agit de politiciens « pénaux », comme ils ont été appelés par le président roumain, Klaus Iohannis, qui a réaffirmé sa confiance dans l’activité du Parquet anticorruption et de sa cheffe. Mardi, le chef de l’Etat a dit que pour une nation qui aspire à un avenir digne, la loi et l’indépendance des personnes au service de la Justice ne pouvaient pas faire l’objet de négociations, ni de transactions.
C’est le message que le président a transmis aux nouveaux diplômés de l’Institut national de la Magistrature, soulignant que ceux-ci bénéficieraient d’un appui total de sa part pour accomplir leur mission. Leur accès à la magistrature intervient lorsque l’acte de justice est mis en doute publiquement justement par les personnes qui doivent s’expliquer devant les hommes de la loi, a ajouté M Iohannis. Selon lui, cette tentative ne devrait pas détourner les magistrats des principes constitutionnels de la légalité, de l’impartialité et de l’égalité.
La poursuite de la lutte contre la corruption et la consolidation de l’Etat de Droit en Roumanie sont des sujets qui inquiètent aussi les responsables de Bruxelles. Parmi eux, le président du Parlement européen Antonio Tajani, qui a évoqué ces deux problèmes dans le cadre d’un entretien avec la nouvelle première ministre roumaine, Viorica Dancila. Celle-ci était d’ailleurs eurodéputée avant d’assumer au mois de janvier les fonctions de première ministre à Bucarest. M Tajani a invité son ancienne collègue à parler devant le Législatif européen des projets de la Roumanie.
Cette invitation intervient alors que Mme Dancila vient de critiquer le refus des responsables bruxellois de permettre au ministre roumain de la Justice de s’exprimer dans le cadre des débats déroulés en ce mois de novembre au sein du Parlement européen au sujet de la réforme de la Justice roumaine, initiée par la coalition PSD – ALDE. Les initiatives de modifier les lois de la Justice ont été vivement critiquées par l’opposition de droite et par la société civile qui ont accusé le pouvoir de tenter d’arrêter la lutte contre la corruption et de se subordonner les magistrats.
Enfin, le président du Conseil européen, Donald Tusk, a également souligné que la lutte contre la corruption et l’Etat de Droit étaient des conditions essentielles pour que les Roumains puissent bénéficier pleinement des opportunités issues de leur statut de citoyens de l’Union européenne. (Trad. Alex Diaconescu)