Intégrité et corruption
La Direction nationale anti-corruption continue sa marche triomphale parmi les gros poissons d’une administration publique roumaine truffée, paraît-il, de personnages dont les activités illégales ne les rendaient pas aptes à occuper leurs postes. L’action de la DNA ne cible pas que la large catégorie des politiciens roumains — ministres, élus locaux ou nationaux — mais aussi le système conçu pour combattre les pratiques qui se sont emparé de l’administration durant le quart de siècle post-communiste.
Florentin Căpitănescu, 17.03.2015, 14:28
La Direction nationale anti-corruption continue sa marche triomphale parmi les gros poissons d’une administration publique roumaine truffée, paraît-il, de personnages dont les activités illégales ne les rendaient pas aptes à occuper leurs postes. L’action de la DNA ne cible pas que la large catégorie des politiciens roumains — ministres, élus locaux ou nationaux — mais aussi le système conçu pour combattre les pratiques qui se sont emparé de l’administration durant le quart de siècle post-communiste.
La preuve — les procureurs anti-corruption ont ouvert ce lundi un dossier au nom du président de l’Agence nationale d’intégrité, Horia Georgescu, soupçonné d’abus de fonction. Celui-ci aurait approuvé plusieurs rapports de surévaluation d’immeubles dans les années 2008–2009, lorsqu’il travaillait à l’Agence nationale pour la restitution des propriétés, le manque à gagner pour l’Etat étant évalué à 75 millions d’euros. Ce cas est choquant dans la mesure où il prouve, une fois de plus, que tout un chacun peut faire l’objet d’une enquête des procureurs de la DNA ; c’est aussi un cas étonnant, puisque Horia Georgescu avait le profil d’un fonctionnaire avec une excellente formation professionnelle et de bonnes intentions, qui inspire confiance.
Dans le même temps, cette affaire pourrait entraîner l’Agence nationale d’intégrité sur un terrain très dangereux, celui du manque de confiance de l’opinion publique, où tout un régiment de politiciens, se trouvant sous la loupe de ladite institution, s’était efforcé de la ramener. Caressée sur la tête par la Commission européenne dans les rapports sur la justice, l’ANI est considérée avant tout comme une entité obligatoire du système juridique roumain. Ce qui s’applique aussi à la
Direction d’investigation des infractions de criminalité organisée et terrorisme (DIICOT), dont l’ancienne patronne, Alina Bica, a été arrêtée à la fin de l’année dernière. Les ressemblances entre les cas de Georgescu et de Bica ne s’arrêtent pas là. Mme Bica est également accusée d’abus de fonction pour avoir accordé, sans surprise, des dédommagements surévalués à l’époque où elle était employée à l’Agence nationale pour la restitution des propriétés. Pourtant, au-delà de l’image publique entachée des deux institutions, ANI et DIICOT, il y a une moitié pleine de la bouteille.
La justice roumaine se montre capable de faire son propre ménage, en évacuant, depuis les étages les plus hauts, les personnes devenues incompatibles. Lundi également, la DNA a ouvert plusieurs dossiers contre Radu Mazăre, le maire de la ville-port de Constanta (sud-est), à la Mer Noire. Personnage jouissant d’une certaine influence dans les rangs du PSD (au pouvoir), il est accusé de prise de pots-de-vin, abus de fonction et conflit d’intérêts.
Bien implanté à la tête de la municipalité qu’il dirige depuis 15 ans, Mazăre est le type de politicien qui a toujours aimé être différent: par ses vêtements, par ses hobbies et surtout par son discours. (trad. Ileana Taroi)