Impasse politique en République de Moldova
Les forces de l’ordre de la République de Moldova ont annoncé avoir déniché un groupement paramilitaire qui préparait des attaques contre les principales institutions publiques et imaginait des scénarios insurrectionnels similaires à ceux de l’Ukraine voisine. Les policiers moldaves ont procédé à une série de perquisitions et d’arrestations dans plusieurs localités du nord de la république, mais aussi dans la capitale, Chisinau.
Bogdan Matei, 26.11.2015, 14:17
Les forces de l’ordre de la République de Moldova ont annoncé avoir déniché un groupement paramilitaire qui préparait des attaques contre les principales institutions publiques et imaginait des scénarios insurrectionnels similaires à ceux de l’Ukraine voisine. Les policiers moldaves ont procédé à une série de perquisitions et d’arrestations dans plusieurs localités du nord de la république, mais aussi dans la capitale, Chisinau.
Précisons que le leader de l’organisation terroriste et plusieurs autres membres étaient originaires de l’est russophone et russophile ukrainien et étaient tous connus des services de police. Il serait possible que l’on assiste à un scénario élaboré par la Fédération de Russie afin de déstabiliser la République de Moldova, opine l’analyste politique Oazu Nantoi. Or, un incident violent pourrait servir d’argument à l’opposition pro-moscovite qui ne cesse d’annoncer l’échec de l’actuel gouvernement et réclame le départ de tous les responsables pro-occidentaux.
Le leader de Chisinau, Nicolae Timofti, a prévu pour vendredi une nouvelle série de consultations avec les partis parlementaires afin de trouver un candidat aux fonctions de premier-ministre. Pourtant, tout le monde s’avère plutôt sceptique quant à un dénouement heureux, à même de servir aux aspirations européennes de la république. Au sein de la même coalition pro-occidentale, aux côtés des démocrates-libéraux et des libéraux, les démocrates mènent des négociations avec les socialistes et les communistes en opposition. Issu des rangs des rouges, l’ancien chef de l’Etat, Vladimir Voronin plaide en faveur d’une coalition gouvernementale de gauche entre le PC, le PS et le PD qui détiendrait une majorité confortable: 64 des 101 mandats de députés.
Le leader socialiste, Igor Dodon réclame pour sa part des élections anticipées, sûr de la victoire de son parti. D’ailleurs, en cas de non validation d’un nouveau cabinet d’ici fin janvier, la République de Moldova devra organiser des élections anticipées. Elle est dirigée à présent par un gouvernement intérimaire mis en place après la destitution, le 29 octobre, de l’ancien premier ministre libéral-démocrate, Valeriu Strelet, suite à une motion de censure initiée par les socialistes et les communistes et votée aussi par les parlementaires démocrates.
Les partenaires occidentaux de Chisinau se déclarent choqués par l’actuelle crise politique que traverse un pays qui, une année auparavant, signait le Traité d’association et de libre-échange avec Bruxelles et espérait se voir intégrer l’Union en 2020. « Mettez-vous à la table des négociations sans plus poser des conditions! » a appelé le président de la Commission de politique étrangère du Parlement européen, Elmar Brok les leaders des partis moldaves pro-occidentaux.
La situation politique est décevante et les partis au pouvoir ont fait preuve de lâcheté et de dilettantisme, en gaspillant la confiance de la population – ont accusé à leur tour d’autres responsables communautaires. De l’avis du politologue et député européen roumain, Cristian Preda, derrière la crise politique de la république voisine se trouvent trois facteurs: l’influence russe sur l’opinion publique, le pouvoir démesuré des oligarques qui contrôlent les partis politiques et enfin, la corruption qui a fragilisé les institutions de l’Etat de droit.