Harcèlement sexuel dans le milieu universitaire roumain.
Les autorités roumaines enquêtent sur des cas récents de harcèlement sexuel dans les universités.
Fromenteaud Charlotte, 01.08.2024, 11:00
Le ministère de l’éducation de Bucarest a ordonné des vérifications dans les établissements d’enseignement supérieur sur les cas impliquant des éléments de harcèlement sexuel (ou infractions similaires) suite à de récents rapports. Ces mesures ont été annoncées après que plusieurs étudiantes ont affirmé dans l’espace public, ces derniers jours, avoir été victimes d’abus sexuels de la part de leurs professeurs. Jusqu’à présent, trois noms ont été cités dans la presse et sur les réseaux sociaux. Le sociologue Alfred Bulai nie les allégations mais a demandé à prendre sa retraite. La SNSPA (L’Institut de sciences politiques et administratives) l’a suspendu de ses fonctions de directeur du département de sociologie et il n’enseignera plus pendant que le comité d’éthique de l’université mène une enquête interne.
Au moins dix victimes ont contacté le procureur en charge de l’affaire
Entre-temps, au moins dix personnes ont envoyé des courriels au bureau du procureur public au sujet de son comportement, après que les procureurs ont appelé les citoyens à signaler l’affaire aux autorités s’ils disposaient d’informations à ce sujet. Les messages ne sont pas forcément des plaintes pénales, ils doivent être déposés après une audience au bureau du procureur, mais une enquête pénale a également été ouverte dans le cas du professeur Bulai, accusé d’avoir utilisé sa position pour abuser de certaines élèves. Le professeur Ștefan Adam, de l’université d’architecture de Bucarest, a lui-même demandé à être suspendu de ses fonctions après que plusieurs étudiantes l’ont accusé de leur avoir envoyé des messages indécents et des photos de lui nu. L’architecte se défend en affirmant qu’il s’agit de sa vie privée qui ne devrait pas affecter l’image de la faculté.
D’autres professeurs accusés
Enfin, le professeur Marius Pieleanu, également employé de la SNSPA, a quant à lui été accusé de harcèlement sexuel par l’ancienne ministre de la justice Ana Birchall, mais le ministère public affirme n’avoir reçu aucune plainte dans cette affaire. La sociologue a toujours été convoquée dans les studios de télévision et il n’y a pas eu d’enquête journalistique sur cette affaire qui s’est produite il y a 16 ans, a écrit Ana Birchall sur les réseaux sociaux.
« Le harcèlement sexuel est un fléau qui a des conséquences dévastatrices à la fois pour les victimes et pour le climat professionnel dans toute organisation. Lorsque les harceleurs sont également en position de confiance et d’autorité, comme les enseignants, l’impact est d’autant plus grave. J’apprécie le courage de tous ceux qui se sont manifestés et ont dit la vérité, et j’encourage toute personne ayant été victime d’un abus, quel qu’il soit, à le signaler. J’invite les universités à veiller à ce que tout manquement à l’éthique et à l’intégrité soit sévèrement sanctionné et à ce que les victimes bénéficient d’une protection et de conseils pour faire face au traumatisme que cela représente « , a déclaré la ministre de l’Education, Ligia Deca.
La réaction du gouvernement
Les représentants du Ministère de l’Education soulignent que le harcèlement sexuel, ainsi que toute forme de harcèlement, est considéré comme une déviation des normes éthiques et déontologiques sur le respect de l’être humain et de la dignité humaine, étant donné qu’il ternit la dignité des bénéficiaires directs du droit à l’éducation et le prestige de la profession, conformément aux dispositions de la loi sur l’enseignement supérieur de 2023. Le Premier ministre Marcel Ciolacu s’est dit convaincu que « les mesures prévues par la loi seront prises ».