Frans Timmermans – Plaidoyer pour l’Etat de droit
Ştefan Stoica, 12.03.2019, 13:05
La première ministre roumaine, Viorica
Dăncilă, et le premier vice-président de la Commission européenne, Frans
Timmermans, se sont rencontrés lundi à Bucarest et vont à nouveau se réunir la
semaine prochaine à Bruxelles. La fréquence de leurs réunions est imposée par
le statut de la Roumanie, pays qui se trouve en ce moment à la tête du Conseil
de l’Union. Néanmoins, les discussions ne visent pas uniquement le bon
fonctionnement des institutions européennes.
Ce lundi, par exemple, Frans Timmermans a
abordé la question, épineuse pour les autorités de Bucarest, de la démocratie
et de l’Etat de droit. Les modifications des lois de la justice, d’abord dans
le Parlement et ensuite par décret gouvernemental, sont pour le moins
problématiques et elles ont alerté les partenaires de la Roumanie. Frans
Timmermans signale qu’il n’a remarqué aucun progrès suite à la publication, à
l’automne dernier, du rapport défavorable concernant la justice dans le cadre
du MCV, le Mécanisme de coopération et de vérification. Au contraire, estime-t-il,
depuis l’automne 2018, il ne constate que le refus du gouvernement roumain de
prendre en compte ce document. Le haut officiel de l’Union a exprimé sont
espoir que les experts des deux parties trouvent rapidement des solutions pour
mettre en application les recommandations du MCV. « Nous voulons nous
assurer – a insisté le premier vice-président de la Commission – que nous
pouvons faire des progrès quant à l’Etat de droit en Roumanie et que la lutte
contre la corruption n’est pas abandonnée ». Pratiquement, chaque contact
entre Frans Timmermans, candidat des socialistes européens à la présidence de la
Commission européenne, et les autorités de Bucarest se solde par un nouveau
plaidoyer en faveur de l’Etat de droit.
Le premier vice-président de la
Commission a repris son thème favori dans le discours prononcé ce lundi lors de
la cérémonie de remise du titre Docteur Honoris Causa, qui lui a été accordé
par l’Ecole nationale d’études politiques et administratives de Bucarest. Il a
commencé par avouer que jamais il n’aurait imaginé, il y a trois décennies, que
la Roumanie allait devenir membre de l’Union européenne en 2007. Mais les
privilèges de l’intégration s’accompagnent de responsabilités, a-t-il souligné,
dont celle de dépasser la phase MCV, un mécanisme créé pour résoudre les
problèmes qui devaient absolument être tranchés avant l’adhésion. « Notre
société et nos institutions reposent sur un trépied : la démocratie,
l’Etat de droit et le respect des droits et des libertés fondamentales. Il est
risquant de croire que gagner des élections donne le droit à une majorité
d’accroître son contrôle sur le pouvoir judiciaire ou sur la presse », a
averti Frans Timmermans. Lorsque l’Etat de droit est menacé, a-t-il expliqué, la
corruption augmente presque de manière automatique. C’est pour cette raison que
la Commission s’est proposé d’instituer un lien entre l’octroi des fonds
européens et le respect de l’Etat de droit dans les pays membres, a conclu le
premier vice-président de la Commission européenne. (Trad. Elena Diaconu)