France-Roumanie, un partenariat de poids
Roxana Vasile, 22.01.2016, 13:31
Signé en 2008 à Bucarest, le Partenariat stratégique roumano-français, le
premier que Paris concluait avec un pays de l’Europe de l’Est, est resté lettre
morte pendant un certain temps. Il fallait de la volonté politique des deux
côtés pour stimuler cette coopération, freinée par plusieurs facteurs, dont
l’image négative des Roumains vivant dans l’Hexagone, une image forgée par les
médias et souvent utilisée à des buts politiciens.
Toutefois, la Roumanie et la France sont liées par une amitié historique,
elles ont des objectifs communs importants, tandis que la diaspora roumaine,
contrairement aux clichés, est très dynamique, en majorité bien intégrée,
contribuant au devenir de son pays d’adoption. Par sa visite de deux jours à Paris,
le premier ministre roumain Dacian Cioloş, francophone et francophile par
conviction, a donc souhaité apporter de nouvelles briques, comme il
l’a dit lui-même, à cet édifice déjà solide. Il remarquait, d’ailleurs, les
deux piliers qui le soutiennent – la collaboration politique très étroite et la
dynamique économique, portée, entre autres, par la présence en Roumanie de
grands groupes français de l’industrie automobile, de l’aéronautique ou des
services communaux.
Après des réformes difficiles opérées durant la crise économique de
2009-2011, la Roumanie a renoué avec la croissance économique, affichant des
taux de 3,4-3,5%, l’année dernière et tablant sur un 4% pour 2016. La Roumanie
étant donc un des pays européens les mieux placés de ce point de vue, le chef
du gouvernement roumain a appelé les PME françaises à regarder de près les
secteurs agroalimentaire et énergétique roumains qui ont un important potentiel
d’investissement. Dans le même temps, il a réitéré l’intérêt de Bucarest de
poursuivre et de renforcer la coopération avec la France dans des domaines tels
l’infrastructure, l’agriculture et la recherche. En ce sens, Dacian Cioloş a
évoqué le laser de grande puissance – premier en Europe et deuxième au monde -
qui sera accueilli par le centre de recherches de Măgurele, une commune située
près de Bucarest.
La Roumanie -
soulignaient le chef du gouvernement de Bucarest et les ministres qui l’ont
accompagné – est peut-être le seul pays européen où il n’y a pas de partis
extrémistes ou nationalistes qui pourraient avoir des réactions imprévisibles à
l’égard des décisions politiques et économiques. Le pays, qui est également un
des marchés les plus importants du continent, a beaucoup progressé dernièrement
du point de vue administratif, législatif et fiscal. L’année dernière, la
Roumanie s’est dotée d’un nouveau Code fiscal qui a fait sensiblement reculer
la TVA, du 24 à 20%. Or, pour que la Roumanie tire un maximum de profit de ses
rapports historiques avec la France, l’équipe exécutive en place à Bucarest
entend attirer davantage de capital de ce pays par le biais d’une stratégie
commerciale pro-active. En parallèle, Bucarest entend encourager la présence
économique roumaine en France, dans des domaines où la Roumanie a un potentiel
d’exportation de plus en plus important. (trad. Andrei Popov)