Fête de l’indépendance de la République de Moldova
Le président de la Roumanie, Traian Băsescu, a assuré son homologue de Chişinău, Nicolae Timofti, que Bucarest serait toujours aux côtés de la République de Moldova. « Ses aspirations européennes et la prospérité de ses citoyens, auxquels nous sommes liés par une longue histoire, et surtout par une profonde amitié, seront le projet que je porterai toujours dans mon cœur », écrit le chef de l’Etat roumain, qui exprime de manière peut-être plus explicite et plus ferme que ses prédécesseurs une permanence de la politique roumaine post-communiste. Nonobstant leur couleur idéologique, tous les présidents, les premiers ministres, les ministres des Affaires étrangères de Bucarest ont fait une priorité du soutien accordé à la République de Moldova.
Bogdan Matei, 27.08.2014, 13:58
Lorsque, le 27 août 1991, le Parlement de Chişinău se conformait au désir unanime des centaines de milliers de personnes rassemblées au centre ville et proclamait l’indépendance vis-à-vis de l’Union soviétique, la Roumanie a été le premier Etat au monde à avoir reconnu, le même jour, le caractère étatique de son nouveau voisin. Un demi-siècle d’occupation soviétique, marquée de tragédies et de souffrances, prenait fin.
La République de Moldova actuelle est constituée sur une partie des territoires roumains de l’est, annexés à l’été 1940, suite à un ultimatum de Moscou sous Staline. Des centaines de milliers d’ethniques roumains se sont alors réfugiés devant les occupants, dans la Roumanie minorée. D’autres dizaines de milliers — des familles entières, considérées incompatibles avec l’idéologie soviétique — ont été déportés en Sibérie. Arrestations abusives, procès sommaires, dont la décision était connue d’avance, exécutions sommaires — rien n’a manqué à l’arsenal de la répression stalinienne contre la population autochtone.
A la place des réfugiés et des déportés, le régime a fait venir des colons recrutés dans l’ensemble de l’empire rouge. Blessée, traumatisée, ses élites décapitées, la communauté roumaine est pourtant restée debout, et la faillite de l’URSS l’a trouvée prête à rompre avec Moscou. Pourtant, la proclamation de l’indépendance n’a été que le premier pas d’une longue traversée du désert.
En 1992, la région sécessionniste pro-russe de Transnistrie (est) est sortie, de facto, de sous le contrôle de Chişinău, après un conflit armé soldé par des centaines de morts et tranché lors de l’intervention de Moscou du côté des séparatistes. Durant la première décennie des années 2000, à Chişinău, le pouvoir a été exercé de manière discrétionnaire par le parti communiste pro-moscovite impénitent, dirigé par l’ancien général de milice Vladimir Voronine.
C’est à peine depuis 2009, suite à l’installation de l’administration tripartite pro-occidentale actuelle, que la République de Moldova a pu assumer et promouvoir sa vocation européenne. Lié maintenant à l’UE par des accords d’association et de libre échange, Chişinău est considéré par les responsables de Bruxelles comme l’histoire à succès du Partenariat oriental. Le courage et l’esprit de suite avec lesquels tant les hommes politiques que les segments dynamiques de la société ont assumé des réformes douloureuses permettent à la République de Moldova d’espérer que l’indépendance, proclamée voici 23 ans, deviendra effective et qu’elle sera doublée de la prospérité et de l’Etat de droit que seule l’intégration européenne peut lui offrir. (Trad. Ligia Mihaiescu)