Excuses et accusations sur la scène politique roumaine
Fortement contestée à
cause de l’intervention de la gendarmerie, qui lui est subordonnée, lors de la
manif antigouvernementale de la diaspora du 10 août dernier, la ministre de l’intérieur,
Carmen Dan, a présenté, aux représentants des médias de Bucarest, certains
éléments d’un rapport, pour l’instant confidentiel, sur ce qui s’est passé ce
vendredi-là.
Ştefan Stoica, 20.08.2018, 13:05
Fortement contestée à
cause de l’intervention de la gendarmerie, qui lui est subordonnée, lors de la
manif antigouvernementale de la diaspora du 10 août dernier, la ministre de l’intérieur,
Carmen Dan, a présenté, aux représentants des médias de Bucarest, certains
éléments d’un rapport, pour l’instant confidentiel, sur ce qui s’est passé ce
vendredi-là.
A la différence d’autres
manifestations, cette fois-ci, la masse de protestataires se serait comporté différemment,
a affirmé la ministre ; selon elle, les manifestants auraient hésité à se dissocier
des individus agressifs, ce qui aurait rendu difficile, voire impossible, la
mission des gendarmes d’isoler ces personnes violentes. Des groupes de
supporters de certaines équipes de football de la capitale auraient joué un rôle
important dans les incidents, leur venue, sans organisation préalable, ayant
empêché les gendarmes à leur bloquer l’accès sur la place où se tenait la manif,
a affirmé Mme Dan. Le rapport des autorités constate que les premiers heurts
ont été enregistrés dans l’après-midi du 10 août, lorsque plusieurs individus
ont tenté d’entrer dans la cour du siège du gouvernement. Les incidents et les
provocations ont continué jusqu’à 22 h, lorsque les forces de l’ordre ont lancé
une dernière injonction, l’ordre étant rétabli après minuit, a précisé la
ministre de l’intérieur. 450 personnes, dont 33 gendarmes, ont eu besoin de
soins médicaux sur place, ce soir-là. « Je commence par présenter mes excuses à tous ceux,
personnes civiles ou gendarmes, qui ont souffert à cause des violences de la
semaine dernière. Une vérification interne des actions des gendarmes, impliqués
dans la mission du 10 août, a identifié, jusqu’à présent, cinq situations où
des abus auraient pu être commis contre des personnes qui ne s’étaient pas
livrées à des actions violentes. » a commencé la ministre Carmen Dan sa présentation des principaux éléments du rapport.
La ministre roumaine de l’intérieur
a, par ailleurs, dénoncé ce qu’elle a appelé « des contrefaçons et des mensonges »,
lancés dans le milieu en ligne et dans les médias quant à l’intervention du 10
août, soulignant qu’il fallait séparer la vérité de la manipulation.
Le président de l’Union
Sauvez la Roumanie, d’opposition, Dan Barna, a encore une fois demandé à la
ministre de l’Intérieur de démissionner, l’accusant de vouloir escamoter la
responsabilité de la gendarmerie pour la brutalité et les gaz utilisés contre
des manifestants pacifiques. Le leader de l’USR a écrit sur les réseaux sociaux
qu’il était inadmissible de rendre justement ces manifestants pacifiques
responsables de ce qui s’était passé, d’accuser les victimes de la répression.
La première vice-présidente libérale, Raluca
Turcan, considère, elle aussi, que la gendarmerie a été discréditée et que la
ministre de l’intérieur, Carmen Dan et le président de la Chambre des députés et
chef de file des sociaux-démocrates, Liviu Dragnea, en sont entièrement
responsables. Près de 300 personnes ont déposé des plaintes pénales contre les
gendarmes.
De nombreux enregistrements vidéo montrent des
gens assis ou les bras levés, pour montrer qu’ils n’étaient pas violents, et qui
sont frappés par les gendarmes. Des images qui montrent, sans équivoque, le
fait que les forces de l’ordre ont eu une réaction disproportionnée, accusent
le chef de l’Etat, Klaus Iohannis et les partis d’opposition. Le PSD réplique
en dénonçant une supposée tentative de renversement par la force du
gouvernement légitime du pays. (Trad. : Ileana Ţăroi)