Entre-deux tours des élections en Roumanie
Après un premier tour des élections présidentielles surprenant, marqué par la montée inattendue d'un candidat indépendant d’extrême droite, des inquiétudes quant à l'avenir de la Roumanie se font sentir.
Daniela Budu, 27.11.2024, 12:28
Le résultat du premier tour des élections présidentielles, qui a marqué une rupture historique avec les partis traditionnels roumains, a eu des effets significatifs sur les marchés financiers, secouant la bourse et augmentant les coûts d’emprunt de Bucarest. Selon les analystes, les investisseurs étrangers perçoivent désormais la Roumanie comme un pays plus risqué, car le candidat arrivé en tête du scrutin du premier tour, Câlin Georgescu, a des opinions économiques et politiques très éloignées des valeurs européennes.
Les mesures proposées par Câlin Georgescu
Parmi les mesures proposées par le candidat figurent un taux d’imposition unique de 10 %, des incitations à l’accumulation de richesses, l’imposition des grandes entreprises à hauteur de 2 % du chiffre d’affaires, ainsi que la réorientation des fonds européens vers les petits exploitants et l’encouragement de la libre association des propriétaires agricoles en coopératives. Les économistes affirment que son plan économique est irréaliste et que la séparation de la Roumanie du marché européen serait un désastre pour les entreprises locales. Ils attirent l’attention sur le danger imminent que court la Roumanie à la lumière des résultats du premier tour. Le pays risque de tomber dans une crise dont il ne pourra pas sortir, avertissent-ils.
Des conséquences déjà visibles suite aux résultats du premier tour
Après l’annonce des résultats du premier tour, la bourse de Bucarest a perdu près de deux points, les coûts d’emprunt du pays ont augmenté et les experts estiment qu’une vague d’euroscepticisme pourrait entraîner une perte des fonds de l’UE et une crise financière. Le contexte électoral roumain a également suscité le mécontentement au sein du Parlement européen et de la Commission et a également attiré l’attention de la presse internationale, avec des publications telles que celle du Financial Times et du Bloomberg, qui ont écrit sur les conséquences politiques et économiques des résultats du premier tour. Bloomberg, par exemple, note que quiconque prend le pouvoir à Bucarest devra relever le défi de réparer les finances de la Roumanie, après que la pandémie, l’inflation galopante, la guerre en Ukraine et les dépenses du gouvernement ont mis le pays dans une situation difficile. Les analystes de la publication estiment que les augmentations rapides du salaire minimum promues par les gouvernements successifs au cours de la dernière décennie n’ont eu qu’un impact limité, car les entreprises ont été touchées par l’augmentation des coûts de la main-d’œuvre et la diminution de l’offre de travailleurs qualifiés. Le Financial Times a écrit, immédiatement après les résultats, qu’« un politicien d’extrême droite pro-russe a remporté le premier tour de l’élection présidentielle roumaine, ébranlant l’establishment politique du pays ».
Réaction immédiate du ministère roumain des Affaires étrangères
Suite aux « préoccupations extérieures » suscitées par le premier tour des élections présidentielles, le ministère roumain des Affaires étrangères a déclaré que la Roumanie s’engageait « fermement » à défendre les valeurs démocratiques, les droits de l’homme, y compris l’égalité des genres, et à lutter contre l’antisémitisme, la xénophobie et toutes les formes de discrimination. Il a également ajouté que « tous les efforts de la Roumanie en matière de politique étrangère étaient indissociable de l’appartenance de la Roumanie à l’espace de libertés et de droits garanti par son statut de membre de l’Union européenne et d’allié de l’OTAN ».