Encourager l’adoption d’enfants âgés de plus de deux ans
Au lendemain de la révolution anticommuniste de 1989 de Roumanie, le sujet des enfants abandonnés dans les orphelinats faisait la Une de la presse interne et internationale. Il a engendré une vague de solidarité sans précédent, nombre de familles étrangères s’étant rendues en Roumanie pour adopter des enfants et leur offrir une vie meilleure. Malheureusement, les abus n’ont pas manqué, fait critiqué par la baronne Emma Nicholson, à l’époque rapporteur du Parlement européen pour la Roumanie, laquelle se préparait à adhérer à l’UE.
Roxana Vasile, 03.02.2016, 13:08
Dans la foulée des scandales liés au trafic d’enfants, en 2001, Bucarest a interdit les adoptions internationales et ce malgré le lobbying de plusieurs Etats. Dix ans plus tard, les autorités de Bucarest allait rouvrir la voie de l’adoption d’enfants roumains par des couples d’étrangers, mais à certaines conditions. Entre temps, on poursuivait les démarches en vue d’améliorer la législation nationale en la matière, dans le contexte où la Roumanie comptait près de 60 mille enfants laissés pour compte.
Le processus d’adoption très sinueux, les personnels insuffisants, le désintérêt, les préjugés, l’absence des tribunaux pour enfants, ce ne sont que quelques-unes des raisons qui expliquent pourquoi la majorité de ces enfants restent institutionnalisés jusqu’à l’âge adulte. Ceux-ci sont privés de la chance d’être déclarés adoptables, encore que, théoriquement, ils aient tous droit à une famille, nonobstant l’âge, l’état de santé ou l’appartenance à tel ou tel groupe ethnique.
C’est justement pour encourager les adoptions que la Commission en charge de l’emploi et de la protection sociale au sein de la Chambre des députés de Bucarest a adopté mardi un projet législatif qui raccourcit les délais et simplifie les procédures, de sorte qu’un enfant puisse être déclaré adoptable plus vite. Ainsi, pour faciliter une meilleure relation entre l’enfant et sa nouvelle famille, la commission a majoré de 3 à 12 mois le congé d’accommodement accordé aux parents adoptifs. Cet amendement a été soutenu par la députée libérale Cristina Pocora: « Je le trouve nécessaire, car plus l’enfant est grand, plus il a des troubles émotionnels et des carences affectives, liés à son séjour dans les centres de placement ».
Le congé en question, accordé sur demande, est l’équivalent du congé parental et s’accompagne d’une indemnisation mensuelle d’environ 400 euros. Voici les explications du social-démocrate Adrian Solomon: « Pour les petits jusqu’à deux ans, on prévoit d’appliquer la législation réglementant l’octroi de l’indemnisation pour l’éducation de l’enfant, tandis qu’au delà de cet âge, on devrait recourir à cette disposition légale relative au congé d’accommodement».
Si, pendant une année, les parents ne parviennent pas à adopter l’enfant, ils auront droit à une année supplémentaire pour le faire. Le principal argument qui sous-tend ces modifications c’est le nombre réduit d’adoptions d’enfants âgés de plus de 2 ans. La plupart des 1.700 demandes recensées actuellement concernent les moins de 2 ans, soit 200 petits sur 3.800 enfants éligibles à l’adoption. (trad.: Mariana Tudose)