Election présidentielle en Roumanie
Le candidat de l’Alliance Chrétienne – Libérale, le maire de la ville de Sibiu, Klaus Iohannis, a bouleversé tous les calculs sur papier et remporté le tour décisif du scrutin présidentiel, infligeant un revers à son rival Victor Ponta, candidat de la coalition Parti Social Démocrate — Union Nationale pour le Progrès de la Roumanie – Parti Conservateur. Ce fut le résultat du vote massif des indécis du premier tour de scrutin, un vote de blâme à l’encontre des sociaux-démocrates et de la manière dont le gouvernement a organisé l’élection présidentielle à l’étranger.
Ştefan Stoica, 17.11.2014, 12:59
Le candidat de l’Alliance Chrétienne – Libérale, le maire de la ville de Sibiu, Klaus Iohannis, a bouleversé tous les calculs sur papier et remporté le tour décisif du scrutin présidentiel, infligeant un revers à son rival Victor Ponta, candidat de la coalition Parti Social Démocrate — Union Nationale pour le Progrès de la Roumanie – Parti Conservateur. Ce fut le résultat du vote massif des indécis du premier tour de scrutin, un vote de blâme à l’encontre des sociaux-démocrates et de la manière dont le gouvernement a organisé l’élection présidentielle à l’étranger.
« Le peuple a toujours raison », a déclaré avec résignation le candidat de la gauche, Victor Ponta, à l‘issue du second tour du scrutin présidentiel de dimanche. Faisant preuve de fair-play, il a félicité le maire de la ville de Sibiu, Klaus Iohannis pour sa victoire.
Victor Ponta : Tout d’abord, je veux remercier tous les Roumains qui se sont présentés aux urnes. Le peuple a toujours raison. J’ai appelé Monsieur Iohannis pour le féliciter. Tous mes collègues et moi, nous accomplirons notre tâche envers le pays, tant que nous occuperons des positions publiques”.
Le peuple a interdit à Victor Ponta de faire le grand saut de sa carrière, depuis le fauteuil de premier ministre à celui de président, lequel revient désormais à Klaus Iohannis, à celui que l’on percevait comme un outsider, un modeste apprenti en matière de politique, appuyé par l’Alliance Chrétienne — Libérale, pas tellement convainquant et orateur médiocre. Un homme que l’infréquentable leader nationaliste et populiste Corneliu Vadim Tudor, partisan de Ponta lors du second tour du scrutin présidentiel, étiquetait d’étranger à son peuple et à la loi”. Il faisait allusion à l’origine ethnique allemande et à la confession luthérienne du futur président.
Au premier tour de scrutin, le leader social-démocrate était le grand favori, grâce aussi bien aux plus de 40 % des voix qu’il s’était adjugé, qu’au soutien que lui accordaient certains candidats perdants. Pourtant, le dimanche 16 novembre allait connaître un véritable tsunami électoral, qui a balayé les résultats du premier tour de scrutin et les espoirs des sociaux-démocrates de donner au pays un deuxième président, après le déjà légendaire Ion Iliescu.
Selon les analystes roumains, il faut voir dans la présence massive des électeurs aux bureaux de vote la réaction de l’organisme social à l’hypothèse qu’un parti encore loin de triompher de ses propres corrompus s’approprie le pouvoir. Un catalyseur de la participation massive à la présidentielle, soit 64%, un chiffre inégalé depuis 18 ans, a été la solidarité avec les Roumains de l’étranger. La manière pour le moins discutable dont le cabinet de Bucarest a organisé le vote au sein de la diaspora leur a fait subir de longues heures d’attente, ce qui n’a pas été sans renvoyer à l’expérience humiliante des queues au temps du communisme.
Voilà pourquoi Klaus Iohannis a tenu à rendre hommage à tous ceux qui se sont mobilisés : 25 ans après la révolution de Roumanie, les gens sont sortis de chez eux pour défendre leur droit de vote. La façon dont on a organisé les élections pour la diaspora confirme la nécessité de changer la législation en la matière. C’est au gouvernement d’assumer l’organisation des élections”.
A Bucarest et dans d’autres grandes villes à travers le pays, ce fut la liesse pour la victoire de Klaus Iohannis. Celui qui promettait la normalité, des actions à la place des paroles et qui s’est présenté comme l’adepte du travail bien accompli, est obligé maintenant d’opérer, comme annoncé, les changements dans la manière de faire de la politique : sans transaction compromettante et en respectant l’Etat de droit et l’indépendance de la justice. (Trad. Mariana Tudose)