Dossier Schengen : « Vous le méritez depuis 2011 »
La présidente du Parlement européen Roberta Metsola demande à lEurope de ne plus donner limpression quil existe des Etats membres de deuxième rang. Cette déclaration vise justement ladhésion de la Roumanie et de la Bulgarie à lespace Schengen.
Corina Cristea, 28.09.2023, 12:48
Invoquant un contrôle déficitaire des flux migratoires, l’Autriche et les Pays-Bas mettaient fin une fois de plus à tous les espoirs de la Roumanie et de la Bulgarie durant la réunion du Conseil Justice et Affaires intérieures déroulé en décembre dernier. Dans le cas de la Roumanie, ce fut uniquement le véto de l’Autriche à barrer son accès à l’espace de libre circulation européenne. Et pourtant, une telle décision doit être adoptée à l’unanimité des voix des Etats membres. Ce qui plus est, la Roumanie se porte candidate à l’adhésion aux côtés de la Bulgarie et un découplage est impossible. Depuis décembre dernier, peu de choses ont changé, malgré les efforts des autorités tant de Bucarest que de Sofia. Les Pays-Bas ont pourtant laissé entendre qu’elles pourraient renoncer à leur véto visant l’adhésion de la Bulgarie. Dans une telle situation, l’Autriche reste l’unique Etat de l’Union à barrer l’accès à Schengen des deux pays.
Les autorités de Vienne ont même rejeté l’appel le plus récent de la cheffe de l’exécutif communautaire, Ursula von der Leyen qui a demandé à l’Autriche de permettre l’adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie à Schengen, « sans aucun autre délai », dans son discours annuel sur l’état de l’Union européenne.
« La Roumanie attend et mérite bien une décision positive durant la présidence espagnole du Conseil de l’UE », a déclaré à nouveau la présidente du législatif européen, Roberta Metsola, dans le cadre d’un point de presse au siège du Parlement européen à Bruxelles. Roberta Metsola a fait pourtant part d’optimisme au sujet de l’adhésion des deux Etats à l’espace Schengen. « Vous le méritez depuis 2011 (…) Je crois qu’une solution soit toujours possible. Nos attentes sont importantes au cours de cette présidence tournante qui devrait travailler avec les collègues d’Autriche et d’autres pays qui expriment toujours des signes d’interrogation et je crois que toutes ces questions trouveront une réponse » a déclaré Mme Metsola.
Dans une interview accordée à une télévision privée de Roumanie, la présidente du Parlement européen demande à l’Europe de ne plus donner l’impression qu’il existe des pays membres de deuxième rang. « Il faut adopter les mesures nécessaires pour garantir une Europe unie, dans le cadre de laquelle la Roumanie et la Bulgarie ne se retrouvent plus à la porte de l’espace Schengen, où l’extrémisme soit découragé et les valeurs démocratiques soient défendues contre l’agression russe. » a déclaré Roberta Metsola.
Même s’ils remplissent tous les critères d’adhésion depuis plus de 12 ans, les Roumains et les Bulgares sont toujours obligés à passer par des contrôles aux frontières, avec des conséquences économiques à ne pas ignorer. Selon le ministre roumain des Transports, Sorin Grindeanu, le maintien de la Roumanie à l’extérieur de l’Espace Schengen implique des coûts allant jusqu’à 2% de son PIB et c’est pourquoi le gouvernement de Bucarest envisage de demander des dédommagements à l’Autriche.