Divergences au sein de la coalition au pouvoir en Roumanie
Ştefan Stoica, 21.02.2014, 14:09
Officiellement, les leaders libéral et social-démocrate de l’alliance gouvernementale ont jusqu’à lundi pour voir s’il y a encore moyen de se réconcilier, après leur dispute publique sur la question de la nouvelle formule de l’Exécutif. De toute façon, le lundi prochain c’est la date butoir imposée par le chef de file des libéraux, Crin Antonescu, au premier ministre social-démocrate Victor Ponta pour opérer les changements souhaités par le PNL. Parmi eux, le plus important et qui a d’ailleurs causé la dispute, c’est l’acceptation de Klaus Johannis au poste de ministre de l’Intérieur et de vice-premier ministre.
Les déclarations de jeudi des deux leaders politiques ont eu pour résultat d’élargir le fossé creusé au sein de l’USL, la coalition au pouvoir et de confirmer le scénario d’un divorce imminent. Victor Ponta, estime, lui, que l’intransigeance avec laquelle le PNL s’accroche à ses demandes et son refus d’examiner les solutions à la crise gouvernementale avancées par le PSD prouvent qu’Antonescu a choisi de faire cavalier seul aux présidentielles de cet automne et de se porter candidat de la part de l’opposition et non pas de l’USL.
Victor Ponta Je suis convaincu que monsieur Antonescu a pratiquement pris la décision d’aller tout seul et en candidat de l’opposition, car les candidats de l’opposition aux présidentielles sont toujours sortis vainqueurs jusqu’ici ”.
En réplique, Crin Antonescu, a affirmé qu’une telle déclaration montrait nettement l’intention du premier ministre de chasser le PNL du gouvernement et de renoncer à la majorité sociale-libérale, pour, en échange, construire un Exécutif autour de la nouvellement créée Union Sociale- Démocrate, composée du PSD et de deux partis de poche, le PC et l’UNPR. Seulement voilà, pour ce faire, il faudrait bien une nouvelle légitimité, que seul le vote parlementaire peut conférer, a souligné le président du PNL : Monsieur Ponta détient le pouvoir, le gouvernail, la position de premier ministre grâce aux citoyens et à nous-mêmes, grâce au Parlement de la Roumanie et à nous autres libéraux. Ceci étant, s’il veut continuer à tenir les rênes, mais sans le PNL, il lui faudra trouver une nouvelle source de pouvoir, une nouvelle source de légitimité. ”.
Le leader libéral reconnaît le fait qu’il y a très peu de chances que le lundi prochain apporte une solution miraculeuse à la crise politique. En ce qui la concerne, la presse s’est déjà mise à faire des calculs concernant la future majorité de l’USD. Arithmétiquement parlant, cette majorité existe au niveau du Sénat, mais, pour se constituer, l’USD aurait encore besoin, à la Chambre des députés, de l’appui de l’UDMR et des autres minorités ethniques.
Victor Ponta pourrait recueillir les votes nécessaires du Législatif, afin de valider un nouveau gouvernement. Par contre, les grands projets des sociaux-libéraux, tels la révision de la Loi fondamentale du pays ou le re-découpage administratif et territorial, semblent compromis sur le court terme, vu que pour leur mise en place il faut obtenir les votes de trois quarts des élus.
Autrement dit, installer un gouvernement social-démocrate c’est possible, en théorie, mais en pratique, ses possibilités d’action et implicitement ses ambitions seront limitées, par la force des choses…(trad. : Mariana Tudose)