Dilemmes politiques à Chisinau
Le Parti des Communistes de République de Moldova a déposé au Parlement une motion contre le gouvernement de centre-droit du premier ministre Vlad Filat, qu’il accuse de corruption et d’abus de pouvoir. La motion intervient dans le contexte de la crise à l’intérieur de l’Alliance pour l’Intégration européenne, déclenchée par l’annonce, le 13 février dernier, du chef du gouvernement que sa formation dénonçait l’accord de constitution de cette alliance afin de négocier un nouvel accord.
Valentin Țigău, 01.03.2013, 13:45
En critiquant le dépôt de la motion, Filat a mis en garde contre le fait que la démission du gouvernement entraînerait des élections parlementaires anticipées. Le gouvernement en place à Chisinau a été investi le 14 janvier 2011. Le président de la République de Moldova, Nicolae Timofti, a transmis jeudi un message public, soulignant que les élections anticipées porteraient un grave préjudice au parcours européen du pays et conduiraient à l’instabilité.
Le chef de l’Etat a appelé leaders politiques et députés à assurer le soutien parlementaire à une coalition pro-occidentale, à même de maintenir le pays sur la voie de l’intégration européenne.
Vlad Turcanu, porte-parole de la présidence de Chisinau :«Le président Timofti met en garde contre le risque que les processus de modernisation de la République de Moldova soient interrompus avec le retour sur le devant de la scène politique de Chisinau de certaines forces hostiles à son parcours européen. »
Le chef de l’Etat prend en compte le fait que parmi les forces hostiles pourraient figurer tout d’abord les représentants du Parti des Communistes, partisans de l’orientation pro-russe de la République de Moldova et du retour aux valeurs et symboles de l’époque soviétique. Dans ces conditions, l’avenir du gouvernement de Chisinau est incertain. Le Parti Démocrate soutient, en principe, la motion des communistes et conditionne sa présence à l’avenir aussi de ce que l’on appelle « la solution zéro », soit la démission du premier ministre, suivie de celle du président du Parlement, à savoir même le leader démocrate, Marian Lupu.
La troisième force politique de la coalition au pouvoir, le Parti Libéral, ne soutient pas la motion des communistes et se dit en faveur des négociations entre les formations regroupées au sein de l’Alliance, comme déclarait le leader du groupe parlementaire, Ion Hadârcà : « Le Parti Libéral continue à plaider pour le maintien de l’Alliance en tant que formule politique en mesure de garantir la continuation du parcours européen du pays ».
La motion sera débattue au Parlement le 5 mars. Elle bénéficie déjà du soutien des 34 députés communistes. Au total, les groupes susceptibles de soutenir la motion comptent 55 parlementaires, ce qui dépasse de 4 le nombre nécessaire pour changer le cours de la politique de Chisinau. (trad. : Alexandra Pop)