Dilemmes diplomatiques entre Bucarest et Budapest
Ce sont les prises de position de Zsolt Nemeth, secrétaire d’Etat au ministère des Affaires étrangères de Budapest, qui ont soulevé un tollé à Bucarest. Selon lui, le fait de ne pas arborer le drapeau des Sicules sur les bâtiments officiels de trois comtés du centre de la Roumanie – « la Contrée des Sicules », telle que certains l’appellent — cette absence, donc, serait une « agression symbolique » contre la minorité de souche hongroise du pays. La diplomatie roumaine ainsi que le Premier ministre, Victor Ponta, ont immédiatement réagi, qualifiant les propos du responsable hongrois « d’inacceptables ».
România Internațional, 10.02.2013, 13:00
Ce sont les prises de position de Zsolt Nemeth, secrétaire d’Etat au ministère des Affaires étrangères de Budapest, qui ont soulevé un tollé à Bucarest. Selon lui, le fait de ne pas arborer le drapeau des Sicules sur les bâtiments officiels de trois comtés du centre de la Roumanie – « la Contrée des Sicules », telle que certains l’appellent — cette absence, donc, serait une « agression symbolique » contre la minorité de souche hongroise du pays. La diplomatie roumaine ainsi que le Premier ministre, Victor Ponta, ont immédiatement réagi, qualifiant les propos du responsable hongrois « d’inacceptables ».
Le chef du Cabinet de Bucarest a précisé que la Roumanie ne tombera pas dans le piège tendu par une provocation, mais qu’elle n’acceptait pas non plus les leçons venues de l’autre côté de la frontière. S’adressant aux membres de son gouvernement, Victor Ponta a indiqué : « A l’échelle européenne, nous avons les meilleures normes visant représentation des minorités et l’autonomie des structures locales. Si quelqu’un entend faire sa campagne électorale en Roumanie, je souhaite que vous ayez une position très ferme, sans nous laisser attirer dans des pièges. Je ne pense pas que quelqu’un a le droit de nous dire quels drapeaux nous devons arborer », a affirmé le Premier ministre, Victor Ponta.
Convoqué en urgence au ministère roumain des Affaires étrangères, l’ambassadeur de Hongrie à Bucarest, Oszkar Füzes, a pour sa part assuré qu’il ne s’agissait ni d’un incident diplomatique, ni d’un piège tendu à la Roumanie par la Hongrie. Le diplomate hongrois estime également qu’il est naturel qu’une minorité affiche ses symboles identitaires. En réplique, Bogdan Aurescu, secrétaire d’Etat au ministère roumain des Affaires étrangères, a affirmé que les propos de l’ambassadeur hongrois sur les « drapeaux des Sicules » étaient l’équivalent d’un appui explicite à l’autonomie territoriale sur des critères ethniques, situation qui n’est pas prévue par la Constitution roumaine et ne fait pas partie des normes européennes acceptées en matière de protection des minorités nationales. Selon Bogdan Aurescu, la Roumanie « a fait ses devoirs » et observe ses obligations européennes et internationales ainsi que les accords et les documents signés avec la Hongrie.
Pour sa part, le chef de la diplomatie roumaine, Titus Corlatean, a accusé l’ambassadeur de Hongrie à Bucarest d’avoir enfreint, par ses propos, les règles diplomatiques, le mettant en garde contre une fin plus rapide de son mandat. Bucarest considère que les prises de position des responsables hongrois viennent à l’encontre du partenariat stratégique entre les deux pays ; la Roumanie n’accepte pas de telles « immixtions » contraires à sa loi fondamentale, ont encore fait savoir les responsables roumains.
Après cet échange sans ménagements, la situation a été calmée jeudi, lors d’une conversation téléphonique, par les chefs des diplomaties roumaine et hongroise, Titus Corlatean et Janos Martonyi. Pour améliorer la coopération bilatérale, l’escalade des prises de position et des déclarations publiques dans les deux pays devrait être évitée, ont convenu les deux hommes.