Dialogue roumano-ukrainien
D’un point de vue démographique et territorial, l’Ukraine est le pays voisin le plus important de la Roumanie. Et les choses acquièrent encore plus de poids si l’on regarde la configuration géopolitique de la zone. Les centaines de kilomètres de frontière commune ne séparent pas seulement deux pays, mais aussi l’UE et la sphère d’influence de l’OTAN de l’espace ex-soviétique, auquel le nouveau pouvoir pro-européen récemment installé à Kiev tente d’échapper.
Bogdan Matei, 11.03.2014, 12:52
D’un point de vue démographique et territorial, l’Ukraine est le pays voisin le plus important de la Roumanie. Et les choses acquièrent encore plus de poids si l’on regarde la configuration géopolitique de la zone. Les centaines de kilomètres de frontière commune ne séparent pas seulement deux pays, mais aussi l’UE et la sphère d’influence de l’OTAN de l’espace ex-soviétique, auquel le nouveau pouvoir pro-européen récemment installé à Kiev tente d’échapper.
C’est la raison pour laquelle Bucarest suit avec une attention tout à fait particulière les développements intervenus ces derniers mois à Kiev et dans l’ensemble du pays — depuis les protestations ayant mené au renversement de l’ex-président pro-russe, Viktor Ianoukovitch, à l’entrée des troupes russes en Crimée.
En accueillant lundi son homologue roumain, Titus Corlăţean, le chef de la diplomatie ukrainienne, Andri Dechtchitsa, a présenté ses remerciements aux autorités roumaines pour leur appui au maintien de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Les deux hommes ont également signé un accord visant à renforcer la confiance et la sécurité entre les deux pays.
En outre, Titus Corlăţean, a été reçu par le président ukrainien par intérim, Olexandr Tourtchinov, ainsi que par le premier ministre Arseni Yatseniouk. L’occasion pour le responsable roumain de souligner le soutien que Bucarest entend accorder aux aspirations européennes de l’Ukraine. L s’exprimait au micro de notre envoyé spécial à Kiev, Alexandru Beleavski : « L’Ukraine a besoin d’un appui ferme, coordonné, de la communauté internationale démocratique, de la famille européenne et euro-atlantique, dont fait partie la Roumanie aussi, un appui pour tout ce que veut dire intégrité territoriale, souveraineté, indépendance et droit légitime souverain de décider son avenir européen. Nous espérons que grâce à un processus politique interne, naturel et démocratique, les choses vont entrer en ordre. Nous pourrons alors agir rapidement pour renforcer notre coopération bilatérale qui comporte une dimension économique importante en matière, notamment de sécurité énergétique et d’investissements ».
Le chef de la diplomatie roumaine a par ailleurs annoncé le rapatriement de plusieurs Ukrainiens blessés lors des affrontements de Kiev, le mois dernier, et qui avaient été soignés à Bucarest. Il a également rappelé la participation de deux observateurs roumains à la mission de l’OSCE en Crimée, mais abordé aussi avec ses interlocuteurs la situation de la communauté roumaine d’Ukraine, forte de plus de 400 mille personnes. Selon lui, Bucarest est formel : « Nous attendons qu’une législation d’inspiration européenne en matière de minorités soit adoptée dans la prochaine période, une législation qui prenne en compte l’expérience européenne, celle du Conseil de l’Europe, et les opinions des représentants des communautés ethniques du pays, dont les Roumains ». Du respect des droits des minorités dépend, finalement, la stabilité et l’intégrité territoriale de l’Ukraine aussi, a conclu le chef de la diplomatie roumaine.