Des réserves à la hausse pour la BNR
Bogdan Matei, 03.05.2023, 11:32
Le gouverneur de la Banque Centrale, Mugur
Isărescu, est un des personnages clé de Roumanie, ayant la carrière la plus
longue pas seulement du pays mais du monde aussi on pourrait dire. Né en 1949, il
est le chef de la Banque Centrale depuis 1990. Il a quitté son fauteuil pendant
une année seulement, en 1999, pour être le chef indépendant du gouvernement de
centre-droit de l’époque et pour se porter candidat, une année plus tard à
l’élection présidentielle, sans succès pourtant. De retour à la tête de la
Banque nationale de Roumanie, Mugur Isărescu s’identifie avec cette institution
depuis presqu’un quart de siècle. Pas forcément admiré de tous, il n’a pourtant
jamais été contesté en ce qui concerne ses compétences et son dévouement,
surtout que se performances en tant que gouverneur s’enchaînent toujours.
Cette année, la BNR a accumulé des réserves
record en devises, soit plus de 53 milliards d’euros, enregistrés fin avril. Il
s’agit là d’une croissance de 112 milliards d’euros par rapport au mois de
mars. Le niveau de la réserve en or reste à 103,6 tonnes, si bien que le total
des réserves de la Banque Centrale, devises et or comprises, approchent les 60
milliards d’euros, une somme sans précédent dans l’histoire du pays.
Au micro de Radio Roumanie, l’analyste
économique Constantin Rudniţchi a déclaré que ce niveau élevé des réserves en
devises renforce la confiance des investisseurs. Cette croissance a été
favorisée notamment par l’octroi des fonds européens, précise-t-il encore, se
déclarant néanmoins surpris par le fait que cet argent n’est pas acheminé aux
projets au rythme nécessaire, notamment aux projets du Plan National de Relance
et de Résilience (PNRR).
Constantin Rudniţchi : « Il y a un problème : cette
consolidation de la réserve en devises montre en fait que l’argent n’est pas
utilisé dans l’économie. C’est-à-dire qu’il reste dans les comptes de la Banque
centrale. Car c’est ça son itinéraire : la réserve est consolidée, mais
l’économie ne bénéficie pas de cet argent pour des raisons évidentes : on
ne déroule pas de projets d’une manière plus dynamique, plus rapide, notamment
dans le cadre du PNRR. Par conséquent, on pourrait dire que la réserve en
devises est un actif, pour ainsi dire, qui offre davantage de confiance à
l’économie roumaine. Cela pourrait être en atout, par exemple, lorsque le pays
veut emprunter de l’argent sur les marchés extérieurs. Mais c’est un des peux
nombreux atouts du pays, à regarder le déficit de la balance commerciale, le
déficit budgétaire, le taux d’endettement qui ne cesse de croître. Tout cela suscite
la méfiance de ceux qui souhaitent s’acheter des titres de l’Etat roumain ou
des obligations roumaines. Mais en fin de compte, la réserve en devise est un
atout sur lequel tout le monde peut compter ».
Par ailleurs, selon un communiqué de la BNR,
les échéances de mai 2023 de la dette publique en devises, directe ou garantie
par le ministère des Finances, se chiffrent à quelque 272 millions d’euros. (trad.
Valentina Beleavski)