Des réactions suite à la destitution du gouvernement
Roxana Vasile, 06.10.2021, 11:51
Trois partis ont contribué mardi, à faire chuter par
motion de censure, le gouvernement minoritaire PNL-UDMR (Parti national
libéral- l’Union démocrate des Magyars de Roumanie), dirigé par le leader libéral
Florin Cîtu. Sur l’ensemble des 318 parlementaires, 281 élus se sont prononcés
pour le départ du gouvernement, alors que le seuil pour que la motion soit
votée – et le gouvernement, destitué – était de 234 sénateurs et députés. La
motion a été soutenue aussi bien par les parlementaires sociaux- démocrates du
PSD (Parti social-démocrate) et les nationalistes de l’Alliance AUR (l’Alliance
pour l’Union des Roumains), les deux en opposition, que par ceux de l’USR (l’Union
Sauvez la Roumanie), ancien partenaire cadet dans le gouvernement de coalition
de M Cîţu. Voilà pourquoi dans son discours, le chef du PNL a décidé de s’attaquer
notamment à l’USR : « Après avoir comploté pour renverser le gouvernement, ce parti souhaite
maintenant revenir au pouvoir, mais dans un cabinet ayant à sa tête quelqu’un de
plus indulgent, prêt à fermer les yeux dès que ce parti s’éloigne du droit
chemin pour avancer vers la gauche ».
La réplique n’a pas tardé à venir. Le vice-président USR,
Dan Barna, a affirmé, en s’adressant à M. Cîtu : « Vous aurez pu être un premier ministre
réformateur. En revanche, vous avez préféré d’incarner le rôle de celui qui met
un frein au programme de gouvernance censé sortir le pays de l’actuelle crise ».
Pour sa part, le leader social-démocrate, Marcel Ciolacu,
a pointé du doigt le cabinet Cîtu, en l’accusant qu’au bout de 9 mois de
mandat, il n’a proposé aucune mesure concrète au bénéfice de la santé, de l’économie
ou du niveau de vie des Roumains. Marcel Ciolacu : « Ce que nous et les Roumains, on vous reproche, c’est
d’avoir détruit le pays à force d’avoir mené votre combat absurde pour vous
tailler la part du lion».
De l’autre côté de la barricade politique, le PNL a vu
dans la destitution du gouvernement Cîtu un acte d’une grande irresponsabilité
politique. Cette décapitation intervient en pleine quatrième vague de pandémie
de Covid-19, à un moment où les factures d’électricité et de gaz des Roumains ont
complètement explosé. Or la chute du gouvernement a laissé la voie libre aux formations
parlementaires de mettre sur tapis leurs intérêts. Malheureusement, ceux-ci
sont tellement divergents qu’on a du mal à imaginer une nouvelle coalition
capable d’obtenir le vote d’investiture. Le PSD et l’Alliance AUR souhaitent un
gouvernement de technocrates, en attendant d’éventuelles élections anticipées.
Pour sa part, l’USR souhaiterait un retour au pouvoir, à condition que Florin
Cîtu ne soit plus premier ministre. Une partie des libéraux continue à soutenir
M. Cîtu, tandis qu’une autre partie s’est rangée du côté de l’ancien leader
libéral, Ludovic Orban. Le dernier mot à dire appartient au chef de l’Etat,
Klaus Iohannis. Sauf que celui-ci a décidé d’attendre avant de convoquer les
partis pour des négociations. « J’ai décidé de convoquer les partis pour des
consultations la semaine prochaine, afin de leur donner suffisamment de temps pour
se réunir et trouver des solutions matures ».
Le premier ministre nommé par Klaus Iohannis aura dix
jours à sa disposition pour présenter au Parlement son équipe et son programme
de gouvernance, afin d’obtenir le vote d’investiture. En attendant que la
situation se débloque, la crise politique de Roumanie fait couler beaucoup d’encre
dans la presse internationale. La chute du gouvernement de Bucarest a fait le
tour du monde et des médias, des Etats-Unis et jusqu’en Inde.