Des poursuites pénales contre les journalistes de Sky News
Une crapulerie journalistique s’est muée en un énorme scandale judiciaire à réverbération internationale. Les procureurs de la Direction d’investigation des infractions de criminalité organisée et de terrorisme (DIICOT) de Roumanie ont engagé des poursuites pénales pour dissémination de fausses informations à l’encontre de trois journalistes d’une équipe de la chaîne de télévision britannique Sky News, qui a réalisé le faux reportage en question. On a appris de source judiciaire que les procureurs demanderaient que les journalistes soient entendus dans le cadre d’une commission rogatoire internationale.
Bogdan Matei, 18.08.2016, 14:08
Une crapulerie journalistique s’est muée en un énorme scandale judiciaire à réverbération internationale. Les procureurs de la Direction d’investigation des infractions de criminalité organisée et de terrorisme (DIICOT) de Roumanie ont engagé des poursuites pénales pour dissémination de fausses informations à l’encontre de trois journalistes d’une équipe de la chaîne de télévision britannique Sky News, qui a réalisé le faux reportage en question. On a appris de source judiciaire que les procureurs demanderaient que les journalistes soient entendus dans le cadre d’une commission rogatoire internationale.
Qualifiée unanimement de manipulation grossière, la pseudo-investigation des reporters britanniques pourrait avoir des effets négatifs sur la sécurité de l’Etat roumain – indiquent les juges d’appel dans la motivation de la décision de placer en détention provisoire pour 30 jours les citoyens roumains protagonistes du matériel journalistique truqué et l’intermédiaire de l’affaire. Les accusations sont claires : constitution d’un groupe criminel organisé, infraction au régime des armes et des munitions et dissémination de fausses informations.
L’enquête menée jusqu’à présent a révélé le fait que la soi-disant investigation journalistique montrait des faits et des contextes mis en scène à l’initiative des journalistes britanniques, qui ont présenté comme étant vraies des données et des informations fausses. Ils auraient su que les protagonistes de la petite pièce de théâtre jouée dans la forêt n’étaient pas des trafiquants d’armes mais des chasseurs, qui n’étaient pas les vrais propriétaires des armes.
Plus encore, les journalistes britanniques ont demandé expressément aux supposés trafiquants de s’exprimer en roumain devant la caméra, alors que leur langue maternelle est le hongrois, et de dire les répliques écrites pour eux. Pour leur performance théâtrale, ils auraient reçu deux mille euros. Une histoire déplorable, d’autant plus que la chaîne Sky News avait une bonne réputation et que le professionnalisme des journalistes britanniques jouit du respect des médias libres plus jeunes de Roumanie.
Le reportage en question a été repris par les chaînes d’autres pays, son contenu ayant généré, selon les procureurs, des sentiments de réprobation à l’égard de la Roumanie et d’insécurité parmi les Roumains. On ne peut pas dénigrer un pays sans produire des preuves, a avertit le premier ministre roumain Dacian Ciolos, tandis que la ministre de la justice, Raluca Pruna, a déclaré que l’Etat roumain ne pouvait pas ne pas réagir. Sous l’avalanche d’accusations de manquements à la déontologie professionnelle, Sky News et son journaliste Stuart Ramsay persistent et signent – le contenu du reportage est vrai, mais, à Londres, des opinions concordantes affirment que la chaîne de télévision ne réussit à convaincre ni même son propre public. (trad. Ileana Taroi)