Des mesures et des controverses financières
Installé au pouvoir en octobre dernier, le gouvernement monochrome du libéral Ludovic Orban s’est vu contraint, en l’absence d’une majorité parlementaire confortable, de diriger les affaires de l’Etat à travers des décrets d’urgence. Sévèrement critiquée par le PNL à l’époque où il se trouvait en opposition, l’ordonnance 114 mise en place par le gouvernement social- démocrate a été le premier acte normatif que l’actuel cabinet libéral a voulu modifier toujours par décret d’urgence.
Roxana Vasile, 11.02.2020, 12:46
Surnommée « la taxe sur la cupidité », l’ordonnance prévoyait la taxation supplémentaire des compagnies de télécommunications, énergétiques et des institutions bancaires, tout en plafonnant les tarifs du gaz et de l’électricité pour les consommateurs particuliers. Or, tout en le considérant nocif pour l’économie, les libéraux ont abrogé une partie significative des prévisions de ce décret d’urgence 114 avant qu’il n’arrive sur la table du Sénat où, surprise, il a été rejeté !
Aux dires du leader des sénateurs libéraux, M. Daniel Fenechiu, la faute appartient au PSD qui, en raison de sa majorité, a réussi à imposer son vote négatif. Daniel Fenechiu: «Chers collègues, imaginez-vous la réaction des compagnies énergétiques ou bancaires si une telle mesure est mise en place. Concrètement, il y a un mois et demie, on demandait un changement législatif dont à présent, on ne veut plus».
Pour sa part, le sénateur social- démocrate, Daniel Zamfir, affirme que par son vote négatif, le PSD répond aux intérêts des citoyens :« Tous les décrets d’urgence privilégient les intérêts des systèmes financier, bancaire et des multinationales au détriment des citoyens. Le PNL est l’adepte d’un capitalisme de capture » a lancé Daniel Zamfir.
Après le vote au Sénat, le document sera soumis à celui de la Chambre des députés qui est le forum décisionnel. Il convient de mentionner que l’ordonnance d’urgence 114 n’est pas l’unique document à mettre en lumière les divergences de vision politique entre le PNL, actuellement au pouvoir et le PSD, en Opposition. Le ministre libéral des Finances, Florin Cîtu pointe du doigt l’ancien cabinet des sociaux- démocrates à cause duquel, dit M. Cîtu, la Roumanie sera concernée par une procédure imminente de déficit excessif, en vigueur, le plus tôt, au mois de mars.
L’économiste social- démocrate, Adrian Câciu, se défend et affirme qu’au moment de son départ du pouvoir, le PSD avait laissé un déficit de 2,8% qui, sous la gouvernance libérale, a grimpé à 4,6%. « Débourser de l’argent, ce n’est pas difficile. Plus difficile c’est de savoir comment le faire afin que l’argent déboursé réduise le déficit et renforce l’économie », affirme Adrian Câciu selon lequel les élections anticipées ne feront que mettre davantage en danger le déficit du pays. Quant au gouverneur de la Banque centrale roumaine, Mugur Isarescu, celui-ci opine que les investisseurs ont commencé déjà à s’habituer à l’incertitude qui plane sur l’économie roumaine. (trad. Ioana Stancescu)