Des élections après d’autres élections
Les Roumains se préparent à se rendre aux urnes dans le deuxième tour des présidentielles, dernière élection d’une longue série cette année.
Alex Diaconescu et Roxana Vasile, 03.12.2024, 13:41
Le 8 décembre à 21heures locales la Roumanie achèvera le marathon de tous les quatre types d’élections organisées pour la première fois en une seule année : des élections organisées en commun au mois de juin – pour le Parlement européen et municipales, suivies par des scrutins présidentiel et législatif. Les trois dimanches consécutives – 24 novembre, 1er et 8 décembre – consacrées aux élections du président du pays et du Parlement constituaient, même si théoriquement, un énorme défi tant pour les autorités que pour la société dans son entier.
Une énorme surprise
A l’issue du premier tour des présidentielles, le 24 novembre, les défis de nature logistique se sont superposés à une grande surprise et à un scandale politique et social. Contrairement à toutes les prévisions, la première place dans les options de vote des Roumains a été remportée par l’indépendant Călin Georgescu et par la candidate du parti de centre-droit de l’Union sauvez la Roumanie, Elena Lasconi. Suite à une saisine de fraude, la Cour Constitutionnelle a demandé jeudi dernier au Bureau électoral central un recomptage des bulletins de vote valables et annulés. Une fois les législatives terminées le 1er décembre, les juges de la Cour se sont à nouveau réunis lundi pour rejeter la demande d’annulation du premier tour du scrutin. Par conséquent, le deuxième tour se déroulera comme prévu le 8 décembre et il opposera « monsieur Călin Georgescu à madame Elena Valerica Lasconi » – a annoncé le président de la Cour Constitutionnelle de Roumanie.
Mais qui sont les deux candidats ?
Agé de 62 ans, Călin Georgescu, diplômé d’Agronomie, a occupé une série de postes au sein d’entités publiques et privées : directeur du Centre national de développement durable, président du Centre européen de recherche du Club de Rome, directeur au sein du ministère des Affaires Etrangères, secrétaire général du ministère de l’environnement et rapporteur dans le cadre d’un bureau de l’ONU. Une partie de l’électorat roumain voit dans la personne de Calin Georgescu un patriote, défenseur des valeurs chrétiennes alors qu’une autre voit seulement un russophile antisémite, critique à l’adresse de l’UE et de l’OTAN. Avant le premier tour du scrutin présidentiel, il figurait parmi les candidats marginaux. Et pourtant, il a créé la surprise lorsqu’il a réuni près de 23% des options de vote. Et la stupéfaction s’est généralisée lorsqu’il fut suivi avec un peu plus de 19% des voix par Elena Lasconi. Elle est née en 1972 et après 20 ans passés au sein d’une chaine de télévision en tant que présentatrice et productrice, elle a accédé à la politique en 2020 lorsqu’elle est devenue maire de la ville de Câmpulung, département d’Argeș (dans le sud), pour remporter un nouveau mandat aux élections locales en juin dernier. L’ascension dans la politique nationale a été rapide. Ce fut également au mois de juin qu’Elena Lasconi a été élue à la tête de l’USR pour être ensuite nominée dans la course pour la fonction suprême dans l’Etat roumain. Elena Lasconi a été également impliquée dans une série de controverses. Une des plus notables a été sa position pour la famille traditionnelle, qui a généré des tensions tant au sein de son propre parti que dans sa relation avec sa fille, qui soutient publiquement la communauté LGBTQ+.
C’est entre ces deux candidats que se joue la finale présidentielle le 8 décembre, une finale qui pourra décider de l’avenir de la Roumanie.