Démission du gouvernement roumain, quels pas à suivre?
La démission du premier ministre social-démocrate, Victor Ponta, représente la sortie de scène dune des figures les plus controversées du milieu politique roumain. Au printemps 2012, porté par une vague denthousiasme populaire, il devenait le plus jeune chef dexécutif de la Roumanie post-communiste. Né en 1972, Victor Ponta se présentait comme le représentant dune génération que les tares morales portées par le régime communiste navaient pas entaché. Au sein de la population, il suscitait même une certaine sympathie, voire de la confiance, même parmi ceux qui ne votaient pas traditionnellement à gauche.
Bogdan Matei, 05.11.2015, 13:30
La démission du premier ministre social-démocrate, Victor Ponta, représente la sortie de scène dune des figures les plus controversées du milieu politique roumain. Au printemps 2012, porté par une vague denthousiasme populaire, il devenait le plus jeune chef dexécutif de la Roumanie post-communiste. Né en 1972, Victor Ponta se présentait comme le représentant dune génération que les tares morales portées par le régime communiste navaient pas entaché. Au sein de la population, il suscitait même une certaine sympathie, voire de la confiance, même parmi ceux qui ne votaient pas traditionnellement à gauche.
Procureur de formation, il est entré en politique au début des années 2000 grâce à son mentor, Adrian Nastase, premier ministre de lépoque, condamné et emprisonné plus tard pour corruption. Peu de temps après son installation à la tête du gouvernement roumain, un premier scandale éclabousse Victor Ponta – il est accusé davoir plagié sa thèse, les spécialistes le prouvant des arguments à lappui. Dans une situation similaire, un chef dEtat hongrois et un ministre de la défense allemand avaient démissionné, mais Victor Ponta na pas procédé de la même manière. Il ne quitte, non plus, ses fonctions lorsque son beau-frère est arrêté dans une affaire de corruption, ni après lorganisation catastrophique du scrutin présidentiel de 2015 pour les Roumains de la diaspora, ni après avoir perdu ces élections et ni même après avoir été accusé par les procureurs anti-corruption de faux en écritures, complicité dévasion fiscale et blanchiment dargent.
Le plus jeune premier ministre roumain devient ainsi le premier chef de Cabinet roumain post-communiste protagoniste de poursuites pénales durant lexercice de son mandat. Victor Ponta na présenté sa démission quaprès les manifestations géantes de mardi soir, lorsque des dizaines de milliers de Roumains sont descendues dans les rues de Bucarest et des grandes villes du pays pour dénoncer la corruption infiltrée partout au sein de ladministration centrale et locale. Des protestations survenues sur la toile de fond de lincendie meurtrier de vendredi dernier dans une discothèque bucarestoise, qui a fait une trentaine de morts et plus de 150 blessés. Une démission tardive, avait estimé le président Klaus Iohannis avant de convoquer les partis parlementaires à des consultations en vue de désigner un nouveau premier ministre.
Depuis l’opposition, la co-présidente du Parti National Libéral (PNL), Alina Gorghiu, plaide en faveur d’élections législatives anticipées: « Nous pensons qu’aujourd’hui la chose la plus sensée, la plus équilibrée et qui répond aux attentes de la société civile est la solution des élections anticipées, organisées suite à un accord politique. »
La coalition réunissant le Parti social-démocrate, l’Union nationale pour le progrès de la Roumanie et l’Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe (PSD-UNPR-ALDE), qui ont soutenu le gouvernement démissionnaire, estime pourtant que les élections anticipées ne feraient que prolonger la crise. Le leader du PSD, Liviu Dragnea: «Nous n’agréons pas la proposition du PNL d’organiser des élections anticipées, car, pour quelques mois, à partir d’aujourd’hui, on devrait avoir un gouvernement instable, avec, à sa tête, un premier ministre intérimaire, et cela à lapproche de lhiver et pendant une période durant laquelle on doit adopter la loi du budget… Or, un gouvernement instable ne peut pas contrôler la situation. »
Les analystes sont unanimes à affirmer que les consultations et leur résultat sont un test crucial pour une classe politique gravement discréditée. Pacifique mais ferme, la société civile est dans la rue de plus en plus exigeante. (trad.: Dominique, Andrei Popov)