Décision parlementaire concernant l’exploitation de Roşia Montană
Bogdan Matei, 12.11.2013, 14:57
Le projet de loi sur l’exploitation aurifère de Roşia Montană, lancé par le gouvernement, a été rejeté, et les commentateurs estiment qu’un vote négatif du Parlement n’est qu’une question de temps. Des semaines et des semaines durant, la commission a entendu géologues, physiciens, chimistes, militants écologistes, représentants de l’Académie roumaine et de l’Eglise orthodoxe majoritaire, la plupart se prononçant pour le rejet du projet.
La décision finale a été prise après consultation entre les dirigeants de l’USL, le premier ministre social-démocrate Victor Ponta et le président libéral du Sénat, Crin Antonescu, dont les membres occupent les deux tiers des sièges au Parlement roumain. Ils ont annoncé qu’un nouveau projet de loi serait lancé, censé prévoir un cadre général pour toutes les futures exploitations minières en Roumanie. En tout état de cause, Roşia Montană demeure la plus précieuse du sous-sol roumain.
De l’avis des géologues, le plus grand gisement d’or de l’Europe continentale s’y trouverait : au moins 250 tonnes, d’une valeur estimée à 11 milliards de dollars. En plus, il y aurait encore 1.600 tonnes d’argent, évaluées à 3 milliards de dollars, ainsi que des gisements de métaux rares — titane, vanadium, chrome, nickel, cobalt, wolfram, utilisables dans les industries aérospatiale, militaire et médicale. Selon les spécialistes, la valeur de ces métaux rares excèderait celle de l’or et de l’argent.
Les disputes ont commencé après l’annonce du concessionnaire que les cyanures seraient utilisés pour extraire l’or, avec des effets potentiellement dévastateurs sur l’environnement et le site qui abrite des galeries de mine depuis l’antiquité romaine. Dans le rapport de la commission spéciale, les parlementaires exigent, entre autres, que les documents classifiés et la licence d’exploitation soient rendus publics, de manière à ce que les autorités compétentes puissent traiter les soupçons de corruption. Ils demandent également au gouvernement d’étudier la possibilité d’utiliser d’autres technologies, moins dangereuses, et de faire appel à des institutions indépendantes pour des études d’impact.
Au sujet du site archéologique, l’on évoque d’inclure Roşia Montană au patrimoine mondial de l’UNESCO. Si, au plan politique, pour l’opposition démocrate-libérale, l’avis négatif de la commission parlementaire équivaut à une motion de censure, dans la société, les débats sont plus nuancés. La majorité se réjouit de ce que le danger du lac aux cyanures ait été écarté, mais souhaite mettre en valeur, à l’aide de technologies plus sûres, les gisements que la Roumanie, un pays plutôt pauvre, ne saurait ignorer…(trad. : Ligia Mihaiescu)