Dans les hôpitaux roumains, les tragédies s’enchaînent
Roxana Vasile, 04.10.2021, 11:28
Vendredi matin, la Roumanie se réveillait pour apprendre
une terrible nouvelle : un incendie s’était déclaré dans la section des soins
intensifs pour les malades de Covid de l’Hôpital des maladies infectieuses de
Constanta, le plus important de cette région du pays, dans le sud-est, au bord
de la Mer Noire. Sur les 10 patients se trouvant à ce moment-là en réanimation,
7 ont, malheureusement, perdu la vie. Maleheureusement, ce n’est pas la
première tragédie de ce type.
L’année dernière, en novembre, un incendie similaire survenu
à l’Hôpital de Piatra Neamt (nord-est) avait fait 10 morts, alors que le
médecin qui s’était risqué la vie pour sauver les patients a eu de graves brûlures
sur 80% de son corps. Une enquête de la direction de contrôle du gouvernement
de Bucarest avait alors mis au jour des problèmes aux équipements techniques et
électriques de l’unité de soins intensifs en question. D’ailleurs, le rapport
dressé il y a une année mettait en lumière plus de 2 000 irrégularités en ce
qui concerne les normes de sécurité en cas d’incendie dans les hôpitaux
roumains à travers le pays. Par exemple, l’on a constaté que plus d’un quart
des hôpitaux roumains ne disposaient pas d’un réservoir d’eau pour les incendies,
que dans deux tiers des unités de soins intensifs vérifiées la distance entre
les lits n’était pas respectée et que moins de la moitié de ces unités disposaient
de suffisamment de médecins pour les services de garde.
Quelques mois seulement après l’incident de Piatra Neamt,
fin janvier dernier, un autre incendie faisait une vingtaine de victimes à
Bucarest, parmi les malades de Covid de l’institut Matei Balș, un repère des
soins médicaux de la capitale roumaine.
Déjà, on peut parler d’un véritable phénomène des
incendies dans les hôpitaux roumains. Et pour cause. Selon un bilan paru dans
la presse centrale, cette dernière année, 10 unités médicales ont signalé des
incendies survenus à cause de la surcharge de l’infrastructure électrique vieillie,
sur toile de fond de la croissance du nombre de malades de covid nécessitant l’hospitalisation.
A l’heure où l’on parle, une enquête technique est en
cours dans l’unité de soins intensifs de l’hôpital de Constanta. Les
criminalistes sont eux aussi sur place pour déterminer les causes de l’incendie.
En parallèle, la Préfecture de Constanta a demandé une enquête administrative visant
les normes de protection et de sécurité en cas d’incendie. Vu que la section de
réanimation de l’Hôpital de maladies infectieuses a été complètement détruite
par le feu, ses patients et son personnel médical ont été transférés à l’Hôpital
départemental des Urgences de Constanta. La Hongrie voisine a offert son aide, étant
prête à accueillir des patients roumains, si nécessaire.
En l’absence d’une stratégie à même de prévenir de telles
tragédies, les hôpitaux de Constanta, et de partout en Roumanie en fait, ne
peuvent offrir que des soins palliatifs, ce qui n’est pas du tout suffisant,
surtout au beau milieu de la 4e vague de la pandémie de coronavirus, une vague
plus dangereuse que les précédentes. En attendant, le premier ministre Florin
Cîtu a parlé de la nécessité de remédier « à toutes les erreurs faites ces
30 dernières années », alors que le chef de l’Etat, Klaus Iohannis, a avoué que
« l’Etat roumain a échoué dans sa mission fondamentale de protéger ses citoyens
». (Trad. Valentina Beleavski)