Crise des réfugiés – la Roumanie à l’abri?
Sans figurer parmi les destinations préférées des réfugiés du Moyen Orient ou de l’Afrique du Nord ou encore parmi les pays de transit ou de premier asile, la Roumanie a pourtant sa part d’obligations à accomplir. Quelque 300 réfugiés installés déjà en terre européenne- 160 en Italie et 135 en Grèce- seront bientôt accueillis par la Roumanie, a fait savoir le chef de l’Inspection générale aux immigrations, le questeur Viorel Vasile: « Bruxelles a décidé l’an dernier que la Roumanie participe à l’effort collectif de relocalisation de groupes de réfugiés d’Italie et de Grèce. Bucarest a avancé des lettres d’intention en ce sens, a procédé à toutes les vérifications nécessaires et à l’heure où l’on parle, on est prêt à accueillir ces personnes. Tout dépend actuellement de nos confrères des deux pays d’accueil ».
Florentin Căpitănescu, 19.02.2016, 14:07
Et Viorel Vasile d’ajouter que des places supplémentaires ont été créées dans les six foyers destinés aux réfugiés et qui affichent actuellement un degré d’occupation de seulement 11%. Un pourcentage qui prouve, une fois de plus, le faible intérêt que la Roumanie présente aux yeux des réfugiés. L’explication en est des plus évidentes: du point de vue économique, la Roumanie est une destination beaucoup moins prisée que les pays développés de l’Ouest ou du Nord du vieux continent.
On ne saurait nous déclarer surpris si, en 2015, presque la moitié des demandes d’asile enregistrées en Roumanie — à savoir 40%- portaient la signature des réfugiés syriens ayant au moins un membre de leur famille établi chez nous. Pourtant, les 500 demandes d’asile en Roumanie avancées par les Syriens en 2015 sont presque insignifiantes par rapport au nombre d’étrangers vivant chez nous, soit 105.000.
La question des migrants préoccupe dans une égale mesure les chancelleries occidentales et les institutions européennes. Elle a d’ailleurs figuré à l’agenda du Conseil européen de jeudi dont le président, Donald Tusk, a déclaré que Bruxelles se faisait une priorité d’un plan d’action contre l’immigration, noué avec la Turquie, mais conforme à la législation européenne. C’est la raison pour laquelle, l’UE souhaite des pourparlers avec Ankara au début du mois prochain, a ajouté le responsable européen.
Par ailleurs, les erreurs commises par l’Europe dans ses efforts de gérer l’afflux des migrants ont été mises en évidence par Filippo Grandi, Haut commissaire des Nations Unies pour les réfugiés. Dans un entretien à Frankfurter Allgemeine Zeitung, celui-ci a déclaré que lEurope avait « complètement échoué » dans la gestion de laccueil des migrants qui frappent à sa porte, et enjoint à lUE de se ressaisir. (trad.: Ioana Stanescu)