Controverse sur les prix des carburants
Daniela Budu, 22.06.2022, 12:00
Les prix des carburants ont considérablement augmenté ces
derniers mois partout en Europe et tout porte à croire que cette tendance va se
poursuivre. A l’heure actuelle, 70 % du pétrole nécessaire à la Roumanie
provient des importations et les livraisons se font exclusivement par la mer
Noire. Mais les frais de transport et le prix des assurances ont beaucoup
augmenté dans le contexte de la guerre en Ukraine voisine.
Par conséquent, les partis de la coalition du
gouvernement roumain sont en train de chercher des solutions pour réduire les prix
à la pompe. Toutefois, ils sont encore loin d’arriver à un accord. Les tarifs
ont atteint un niveau critique, l’avis est unanime, mais la manière dont on
pourrait les faire baisser est toujours en débat. D’une part, les
sociaux-démocrates proposent que le ministre libéral de l’Energie et celui
social-démocrate des Finances plafonnent les tarifs ou que le gouvernement intervienne
sur le plan fiscal. D’autre part, dans l’opposition, l’Union Sauvez la Roumanie
(USR) a déposé mardi à la Chambre des députés une motion simple contre le ministre
de l’Energie, Virgil Popescu, qu’elle accuse d’incompétence.
Qui plus est, les transporteurs exigent des responsables
de Bucarest qu’ils sortent au plus vite de l’impasse et proposent une solution.
Par exemple, l’Association Energia Inteligentă (Energie intelligente) estime
qu’une baisse des tarifs des carburants serait possible par la réduction de
l’accise et de la TVA. L’association a même fait une étude estimant que l’Etat reste
le principal bénéficiaire de la croissance des prix des carburants. Celui-ci
aurait en effet obtenu des recettes de 600 millions d’euros plus élevées que
celles de l’année dernière sur la même période. Plafonner le prix à la pompe
est une mesure qui fera plus de mal que de bien, estime encore l’Association en
question.
Par ailleurs, les experts de l’énergie affirment que le
prix de l’essence et du diesel ne cessera de croître tant que la demande en carburant
restera élevée. Plus encore, une intervention de la part du Gouvernement à la
demande du public aura au contraire des effets indésirables. A part la demande
très forte, la dépréciation de la monnaie nationale, le leu, est une autre
cause à l’origine de la flambée des tarifs des carburants, sans oublier le fait
qu’à l’heure actuelle le prix du baril de pétrole américain est au même niveau
qu’à l’été 2013.
Dans une interview pour Radio Roumanie, Gabriel
Avăcăriţei, rédacteur en chef de la plateforme Energynomics, explique jusqu’où
peut aller la flambée des prix des carburants :
« Cette tendance à la hausse restera très
probablement tout aussi forte tant qu’il y aura de la demande. La présence de
nombreuses voitures dans nos rues révèle que la population est prête à
continuer à payer ce prix élevé des carburants. J’y ajouterais un chiffre. Ces
10 dernières années, le revenu moyen de la population roumaine a doublé. A
l’époque, il tournait autour des 2 300 lei et aujourd’hui il est d’environ 5
000 lei (un millier d’euros). Par conséquent, il y a un grand potentiel
d’achat, surtout que les revenus moyens ont augmenté beaucoup plus que le prix
de carburants, par exemple », estime Gabriel Avăcăriţei.
Il affirme aussi que, bien que plusieurs mesures aient
été prises dans nombre d’Etats européens, leur impact sur le prix final n’a pas
été significatif jusqu’ici. En attendant la décision des responsables de
Bucarest, des protestations timides pour l’instant voient le jour à travers la
Roumanie sur toile de fond de cette flambée des prix des carburants. (Trad.
Valentina Beleavski)