Consultations pour un nouveau gouvernement
Bogdan Matei, 13.11.2015, 13:25
La structure du gouvernement de Bucarest reste inchangée, mais les titulaires des portefeuilles ne seront membres daucun parti, car le technocrate Dacian Cioloş préfère travailler avec des spécialistes comme lui. Pourtant, tant linvestiture du gouvernement que la validation de ses projets législatifs dépendent du soutien du Parlement. Le premier ministre désigné a eu des consultations avec les leaders de tous les partis politiques et des formations représentées au Parlement.
Jeudi, ses derniers interlocuteurs ont été lancien président de la Roumanie, Traian Băsescu, maintenant chef du Mouvement populaire, lancien chef du Parti Social Démocrate, Mircea Geoană, qui dirige aujourdhui le Parti social roumain, et Daniel Fenechiu, du Parti national démocrate, bâti sur les ruines de lancienne formation populiste le Parti du Peuple – Dan Diaconescu. Le poids de ces formations sur les bancs du Parlement est plutôt insignifiant, mais dans la perspective de linvestiture, M Cioloş ne peut ignorer aucun vote.
Il explique : « Nous avons eu des discussions avec les partis pour leur présenter les grandes priorités, parce que nous nentrerons pas dans les détails. Et dautre part, jai voulu voir aussi quelles sont les sensibilités des partis politiques, étant conscient dans le même temps que nous ne pourrons pas tout détailler dans le programme de gouvernance. Moi, je travaille maintenant, en parallèle, au programme de gouvernance et à identifier les futurs ministres. Après la prise de leurs portefeuilles, il est normal de laisser aux ministres le temps de voir ce qui peut être fait. Dautre part, je suis conscient, vu que cest un gouvernement de technocrates, quau delà du vote dinvestiture, les majorités vont se cristalliser au Parlement et devront être négociées pour chaque projet majeur. »
Băsescu et Geoană ont annoncé que leurs députés et sénateurs voteraient en faveur de linstallation du futur gouvernement Cioloş, et Fenechiu a déclaré quil était tout à fait possible quil le soutienne. Les grands partis ont exprimé leur position dès mercredi. Dacian Cioloş peut compter sur les votes du PNL, pro-présidentiel, et jusquà a semaine dernière, principale formation de lopposition face au gouvernement démissionnaire du social-démocrate Victor Ponta, de lUnion Nationale pour le Progrès de la Roumanie, ancien partenaire junior à la gouvernance, ainsi que des 18 députés des minorités.
Le Parti Social Démocrate, chef de file de lancien gouvernement, ainsi que lAlliance des Libéraux et Démocrates pour lEurope et lUnion Démocratique des Magyars de Roumanie, dopposition, ont précisé quavant de décider comment ils voteront, ils attendent la liste du nouveau cabinet, le programme de gouvernance et aussi de voir les auditions des ministres proposés au Parlement. Les analystes se déclarent sûrs que le gouvernement Cioloş passera et rappellent que la Roumanie a des expériences positives avec des premiers ministres apolitiques. Tous deux des comptables rigoureux, Teodor Stolojan et Mugur Isărescu ont dirigé, dans les années 1990, des gouvernements ayant assuré la stabilité économique et ont correctement organisé des élections générales, avant de remettre lestafette aux politiciens. Cest ce que léquipe de technocrates de Dacian Cioloş devra faire aussi en 2016, une année avec des élections locales, mais aussi parlementaires. Cela offrira un répit pour réinitialiser, réinventer et réhabiliter une classe politique complètement discréditée aux yeux des Roumains.