Comment protéger les salariés roumains des compagnies soumises aux sanctions internationales?
Roxana Vasile, 10.06.2022, 12:43
Cette réaction survient dans le contexte où l’Exécutif de
Bucarest a adopté un décret d’urgence stipulant que les compagnies de Roumanie
contrôlées par des entités russes visées par des sanctions pourront continuer
leur activité, sans voir leurs comptes bloqués, mais en revanche, elles seront
surveillées de près par l’Etat roumain. Ce décret a un double enjeu :
premièrement – mettre en place des garanties qu’il n’y aura pas de préjudice au
régime européen des sanctions; deuxièmement – protéger les sociétés roumaines
et le marché roumain du travail.
Concrètement, une compagnie établie en Roumanie et qui
fait l’objet des sanctions européennes doit envoyer une demande au ministère de
l’Economie pour que celui-ci vérifie si elle remplit – oui ou non – les
conditions de fonctionnement. Si la demande est validée, alors, un représentant
du ministère sera désigné pour faire le suivi permanent de la compagnie, et les
fonds et les ressources économiques de celle-ci seront débloquées. En même
temps, le représentant du ministère pourra participer en tant qu’observateur
aux réunions de l’Assemblée générale des actionnaires, des associés, du conseil
d’administration et à d’autres réunions concernant la gestion de l’entreprise.
Il aura aussi accès à tous les locaux où la compagnie déroule son activité et à
tous les documents de celle-ci. En cas de suspicions liées au non-respect des
sanctions, le représentant en informera le ministère. Si les suspicions sont confirmées,
alors la compagnie perdra le droit de fonctionner et sera, de nouveau, soumise
aux restrictions.
Ce décret d’urgence du gouvernement a été adopté le même
jour où les représentants des quelque 2 600 salariés de la société TMK-ARTROM
de Slatina (sud) et de Reșița (sud-ouest), des producteurs de tuyaux laminés,
aux actionnaires russes, se sont déplacés à Bucarest pour manifester devant le
siège de l’Exécutif. Notons pour terminer que c’est dans l’industrie métallurgique
que l’on recense le plus grand nombre de compagnies aux actionnaires russes,
qui réunissent environ 22 000 salariés. S’y ajoute l’industrie automobile où l’on
estime que 5 000 emplois sur 200 000 pourraient être affectés par les sanctions
imposées aux compagnies russes. (Trad. Valentina Beleavski)