Comment peut-on soutenir la République de Moldova ?
Enjeu majeur de la nouvelle Guerre Froide, la République de Moldova est maintenant un des polygones où se confrontent Bruxelles et Moscou. Lié, d’une part, à la Roumanie par la communauté de langue, d’histoire et de culture et partageant la même vocation occidentale mais, d’autre part, encore dépendant économiquement de la Russie, le petit Etat ex-soviétique majoritairement roumanophone joue ces jours-ci son avenir à long terme.
Bogdan Matei, 24.07.2014, 15:05
La coalition gouvernementale tripartite installée il y a cinq ans a résolument choisi l’Occident et a ratifié en juin dernier ses accords d’association et de libre échange avec l’Union européenne. Bien côté dans les sondages concernant l’intention de vote et liée par un cordon ombilical de l’ex-métropole, l’opposition communiste et socialiste menace : si après les élections législatives de l’automne elle revient au pouvoir, elle va ramener Kichinev sur l’orbite de Moscou.
Cependant, Moscou n’économise nullement sa munition pour saboter le trajet européen de son ex-colonie. De temps en temps, les membres du gouvernement fédéral lancent des menaces à l’adresse de Chisinau dans un chœur d’insultes grossières dont le premier soliste est, d’ores en avant, le célèbre vice-premier ministre Dmitri Rogozin. Les foyers de sécessionnisme pro-russe de Transdniestrie (dans l’est) et de Gagaouzie (dans le sud) sont périodiquement activés par télécommande et, dans le domaine économique, la stratégie de suffoquer les exportations moldaves devient plus évidente au jour le jour.
Après avoir été depuis de longues années le principal fournisseur de vins, fruits et légumes pour le marché soviétique, la République de Moldova devint, brusquement, incompatible aux exigeantes normes phytosanitaires de la Fédération de Russie. D’abord on a institué l’embargo aux vins. Maintenant on a interdit les importations de produits agricoles et agroalimentaires sous le prétexte de contamination. Quoique anticipée par les analystes, cette décision est, selon le premier ministre Iurie Leancà, inexplicable.
Son homologue roumain, Victor Ponta, annonce qu’il va plaider en faveur de la levée des cotas d’exportation sur le marché européen visant les produits agroalimentaires moldaves. Des 70 milliers de tonnes de fruits soumis à l’embargo, la Roumanie peut conserver dans les entrepôts de l’Etat ou avec l’aide des sociétés privées quelques 15 milliers de tonnes. Ces produits pourraient être conservés jusqu’à ce qu’ils pourraient être vendus sans taxes douanières sur le marché européen, le plus probablement au mois d’octobre dit le ministre de l’Agriculture de Bucarest, Daniel Constantin, après avoir consulté le commissaire du domaine, le Roumain Dacian Ciolos. Les produits refusés par la Russie pourraient, ainsi, se trouver sur les marchés des pays de l’UE, sur le marché arabe et sur celui de Bélarus.
Le premier ministre Ponta a annoncé également que la fourniture de gaz depuis la Roumanie vers la République de Moldova vouée à réduire la dépendance de Chisinau vis-à-vis des hydrocarbures russes va démarrer, selon le calendrier établi, le mois prochain. Date à valeur symbolique car la République de Moldova va célébrer alors 23 ans depuis la proclamation de son indépendance vis-à-vis de Moscou. (trad.: Costin Grigore)