Changements au sein du gouvernement technocrate
Le gouvernement de technocrates dirigé par l’ancien commissaire européen Dacian Cioloş perd ses ministres l’un après l’autre. Après les récentes démissions de la ministre de l’emploi, Ana Costea, et de celle des Fonds européens, Aura Răducu, c’est le tour du titulaire du portefeuille de la culture de quitter son poste. Le premier ministre a révoqué de ses fonctions Vlad Alexandrescu, professeur des universités et ex ambassadeur de Roumanie à Luxembourg.
Roxana Vasile, 04.05.2016, 13:24
Le gouvernement de technocrates dirigé par l’ancien commissaire européen Dacian Cioloş perd ses ministres l’un après l’autre. Après les récentes démissions de la ministre de l’emploi, Ana Costea, et de celle des Fonds européens, Aura Răducu, c’est le tour du titulaire du portefeuille de la culture de quitter son poste. Le premier ministre a révoqué de ses fonctions Vlad Alexandrescu, professeur des universités et ex ambassadeur de Roumanie à Luxembourg.
Celui-ci a été sévèrement critiqué pour la manière dont il avait géré le scandale qui a secoué l’Opéra national de Bucarest. La situation est toujours tendue dans cet établissement culturel, à la tête duquel se sont succédé trois directeurs en en un seul mois. Or, selon le chef du gouvernement, la réaction en situation de crise en dit long sur la capacité à gérer un portefeuille ministériel.
Vlad Alexandrescu est également pointé du doigt pour être revenu sur sa décision de démissionner et avoir annoncé qu’il attendait sa révocation. Le ministre démissionnaire de la culture a quant à lui dénoncé des pressions directes à son égard faites par des membres du gouvernement. Dans une lettre qui a été rendue publique en fin de semaine dernière, il affirmait avoir « dérangé des groupes d’intérêts très variés, par de nombreuses décisions et actions » prises lors des six mois de son mandat.
Nombre de personnalités de la culture roumaine, dont Andrei Pleşu, lui aussi ancien ministre du domaine, ont exprimé leur soutien à Vlad Alexandrescu. Dans un article où il brosse le portait d’un ministre en Roumanie, il a passé en revue les mérites du professeur Alexandrescu. Parmi eux, son intervention directe pour sauver des monuments classés au patrimoine, le lancement d’une souscription publique pour l’acquisition de la sculpture « La sagesse de le Terre » de Constantin Brâncuşi.
Il a également réussi à classer le site de Rosia Montana au patrimoine mondial, évitant ainsi à cette localité du centre de la Roumanie, vieille de près de 1900 ans, d’être transformée en une gigantesque exploitation aurifère. Sans pour autant idéaliser Vlad Alexandrescu, qui a sans doute fait des erreurs aussi, Andrei Pleşu trouve que si l’ancien ministre est devenu encombrant c’est justement pour avoir trop agi et pris des initiatives. Il n’est pas moins vrai cependant qu’en principe, les ministres technocrates sont plus vulnérables, car dépourvus du soutien politique d’un grand parti. Un parti qui les propose pour les postes respectifs, leur prête appui et qui ne les retire qu’en cas de force majeure.
Le cabinet de Dacian Cioloş est donc puni pour le peu de chose qu’il essaie de faire malgré son statut précaire et on l’empêche d’agir, tout en lui reprochant l’inaction, conclut Andrei Pleşu. Vlad Alexandrescu n’est pas le seul à avoir essuyé des critiques. Maintenant c’est au ministre de la santé, Patriciu Achimaş-Cadariu et à celui de l’Agriculture, Achim Irimescu, d’être la cible de critiques. On impute à Patriciu Achimaş-Cadariu les nombreuses irrégularités du secteur, tandis qu’à Achim Irimescu on reproche le fait d’être déjà au cœur de deux scandales, au bout de seulement six mois de mandat. Ceci étant, on peut se demander si ces deux-là seront les prochains à quitter la barque. (trad. Mariana Tudose)