Changements au sein du cabinet de Bucarest
A peine investi, fin juillet, le gouvernement de la coalition au pouvoir, formée par le Parti social-démocrate et l’Alliance des libéraux et des démocrates, a déjà subi un premier remaniement. L’ex ministre de l’Economie, Mihai Fifor, succède à Adrian Ţuţuianu, à la tête du ministère de la Défense, le fauteuil de ministre de l’économie étant désormais occupé par le député social-démocrate Gheorghe Şimon.
Bogdan Matei, 13.09.2017, 15:15
A peine investi, fin juillet, le gouvernement de la coalition au pouvoir, formée par le Parti social-démocrate et l’Alliance des libéraux et des démocrates, a déjà subi un premier remaniement. L’ex ministre de l’Economie, Mihai Fifor, succède à Adrian Ţuţuianu, à la tête du ministère de la Défense, le fauteuil de ministre de l’économie étant désormais occupé par le député social-démocrate Gheorghe Şimon.
Le principal critère pris en compte pour la nomination de Mihai Fifor à la tête du ministère de la Défense, affirment les leaders sociaux-démocrates, a été la responsabilité dont il a fait preuve lorsqu’il était ministre de l’Economie. A son tour, Mihai Fifor, estime que son atout est l’expérience acquise en matière de programmes d’équipement de l’armée grâce à la collaboration entre le ministère de l’Economie et celui de la Défense. Mihai Fifor : « Je suis familiarisé avec les problèmes de ce secteur. D’autre part, j’espère qu’on va se mettre au travail et qu’on va mener à bon port les objectifs fixés, avec comme priorité l’équipement de l’Armée roumaine, en partenariat avec le ministère de l’Economie et l’industrie de défense, une industrie performante, qui doit être le principal fournisseur de notre armée. »
C’est toujours l’argument de l’expérience qui a pesé en faveur du nouveau ministre de l’Economie, Gheorghe Şimon, ancien vice-président de la Commission pour la politique économique, la réforme et la privatisation au sein de la Chambre des députés : « Au ministère de l’Economie, nous menons des discussions sur les futures lois des mines et des eaux minérales ou encore sur la question des redevances. »
A propos de l’expérience, la presse bucarestoise note que Şimon est l’actionnaire majoritaire d’une fabrique de sa contrée natale, le Maramureş (dans le nord-ouest du pays). Un petit bémol, cependant : cette fabrique, très moderne autrefois, fait actuellement l’objet d’une procédure de faillite.
Les spéculations sont beaucoup plus nombreuses autour de l’autre remaniement ministériel qui concerne la Défense. Depuis l’opposition, le leader du Parti national libéral, Ludovic Orban, a accusé le gouvernement de ne pas vouloir tenir son engagement d’allouer 2% du PIB à l’Armée.
L’ancien titulaire du portefeuille de la Défense, Adrian Ţuţuianu, a démissionné il y a une semaine, son chef, le premier ministre Mihai Tudose, lui ayant reproché la mauvaise communication au sujet du payement des salaires des personnels militaires et civils de l’Armée. Le ministère de la Défense avait annoncé qu’en septembre ses employés allaient recevoir les salaires sans les indemnités de repas et que les contributions à la Sécurité sociale et l’impôt sur le revenu ne seraient pas versées aux institutions en charge. Cette annonce a été infirmée aussi bien par le premier ministre que par le ministre des finances publiques, qui ont déclaré que le payement des droits salariaux ne rencontrait pas de difficultés.
Aux yeux de certains commentateurs politiques, la démission de Ţuţuianu est en fait un règlement de compte à l’intérieur du Parti social-démocrate, où deux pôles de pouvoir se seraient créés, l’un autour du premier ministre, l’autre autour du chef du parti, Liviu Dragnea. Pour leur part, les analystes économiques craignent que le malentendu au sein du ministère de la Défense ne soit le symptôme d’une réelle pénurie de fonds et qu’en dépit d’une croissance record de l’économie le gouvernement ne se retrouve dans l’impossibilité d’honorer les promesses très généreuses qui lui ont valu la victoire électorale. (trad. : Mariana Tudose)