CFR Marfă, de la privatisation à la politique
La privatisation de la compagnie de fret ferroviaire CFR Marfă tourne au jeu politique, où le chat passe d’un camp à l’autre. C’est dans ces termes que la presse bucarestoise relate le nouvel épisode du feuilleton dont la protagoniste est cette entreprise publique. «Les voleurs», «Qu’ils aillent en tôle», «Unité» — ce ne sont que quelques-uns des slogans scandés par les 2 mille et demi de cheminots rassemblés devant le siège du ministère des transports et du gouvernement pour protester contre la privatisation de la compagnie de fret CFR Marfă, dont le contrat n’a toujours pas été signé.
Roxana Vasile, 26.07.2013, 13:56
« Des rumeurs circulent comme quoi il y aura dans les 2.500 licenciements. C’est la raison principale de notre mécontentement. Vient ensuite la question des salaires misérables. Cela fait maintenant cinq ans que nos salaires n’ont plus été revalorisés en fonction du salaire minimum, lequel a entre temps augmenté », affirment les cheminots.
Par ailleurs, ils accusent les autorités d’obéir aveuglement aux recommandations du FMI, au lieu de tenter de sauver l’économie roumaine. Précisons que la privatisation de la compagnie CFR Marfa compte parmi les engagements que la Roumanie a assumés auprès du FMI et de l’UE dans le cadre d’un accord conclu en 2011. Le cabinet de Bucarest a approuvé mercredi le rachat de la CFR Marfa par le Groupe ferroviaire roumain, qui avait remporté l’appel d’offres au mois de juin. Celui-ci devrait gérer un personnel de quelque 9 mille salariés après avoir versé 200 millions d’euros, soit le prix du rachat de 51% des actions de cette compagnie.
Le premier ministre social-démocrate Victor Ponta affirme qu’étant donné l’importance de la CFR Marfa, sa privatisation devrait avoir aussi l’aval du Conseil suprême de défense de la Roumanie, dont le chef est son adversaire politique, de centre-droit, le président de la République, Traian Băsescu. L’Administration présidentielle rejette cette idée, précisant qu’il n’incombe pas au Conseil suprême de défense de la Roumanie de donner son avis sur les privatisations.
La réaction du chef du cabinet n’a pas tardé: « Si le Conseil suprême de défense de la Roumanie n’a pas de compétence en la matière, alors qu’il a déjà avisé par trois fois des privatisations, cela signifie qu’il l’a fait illégalement. A supposer que le président n’ait aucune attribution concernant la société des chemins de fer, je lui conseillerais, franchement, de se taire. Par contre, s’il en a et qu’il sache des choses là-dessus, il est le mieux placé d’un point de vue institutionnel de nous en faire part, pour nous empêcher de tomber dans l’erreur.»
La question qui se pose est de savoir ce qu’il adviendra au cas où le Conseil suprême de défense de la Roumanie ne donnerait pas son avis sur cette privatisation. Selon le premier ministre, si la privatisation n’aboutit pas, on passera au plan B, comportant le management privé et la restructuration de la société, susceptibles d’en faire à nouveau une compagnie profitable. Entre temps, le Groupe ferroviaire roumain, qui a remporté l’appel à candidatures, attend toujours de signer le contrat et se déclare totalement désintéressé de ce jeu des politiciens. (trad. : Mariana Tudose)