Bucarest – Budapest, échange de messages
La réconciliation historique roumano-hongroise, dans les années ’90, est souvent citée par les études spécialisées comme une histoire à succès, comparable à celle franco-allemande d’après-guerre. La mémoire d’un millénaire de rivalité sanglante, pendant lequel les Hongrois ont dominé la Transylvanie, province à population majoritairement roumanophone, refait surface de temps à autre, ce qui tend les rapports bilatéraux.
Bogdan Matei, 07.09.2017, 13:59
La réconciliation historique roumano-hongroise, dans les années ’90, est souvent citée par les études spécialisées comme une histoire à succès, comparable à celle franco-allemande d’après-guerre. La mémoire d’un millénaire de rivalité sanglante, pendant lequel les Hongrois ont dominé la Transylvanie, province à population majoritairement roumanophone, refait surface de temps à autre, ce qui tend les rapports bilatéraux.
L’ambassadeur de la Roumanie en Hongrie, Marius-Gabriel Lazurca, a été convoqué mercredi au ministère des Affaires étrangères de Budapest. A cette occasion, le secrétaire d’Etat Levente Magyar lui a communiqué la décision de son gouvernement de suspendre pour une période indéterminée son appui à la candidature de Bucarest au statut de membre de différentes organisations internationales, telle l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Nous sommes consternés, a-t-il dit, qu’au lendemain de la visite à Bucarest du chef de la diplomatie hongroise, Péter Szijjártó, les autorités roumaines aient clairement annoncé qu’elles suspendraient le fonctionnement du Lycée romano-catholique de Târgu Mureş (au centre de la Roumanie).
La Hongrie considère cette attitude comme une attaque contre l’Eglise catholique, contre la minorité ethnique hongroise, a conclu l’officiel de Budapest, s’exprimant avec une véhémence inhabituelle pour le dialogue diplomatique bilatéral de ces dernières années.
Les analystes de politique étrangère trouvent que l’annonce en question est d’autant plus inamicale et importune que le chef de la diplomatie de Bucarest, Teodor Meleşcanu, vient de présenter au secrétaire général de l’OCDE, Angel Gurria, les atouts de la Roumanie pour ce qui est de sa candidature au statut de membre de cette organisation, dont notamment la détermination politique et l’accomplissement des critères d’évaluation. Nettement plus pondérée, la réplique de Bucarest n’a pas tardé.
Le ministère roumain des Affaires étrangères estime, dans son communiqué, que la position du gouvernement de Budapest est liée à la campagne électorale pour les élections parlementaires de Hongrie. Tout établissement scolaire de Roumanie, sans exception aucune, doit respecter la loi du pays, laquelle ne saurait être appliquée de manière discriminatoire, sur des critères ethniques, religieux ou autres, précise la diplomatie de Bucarest. Toute tentative de présenter la situation du Lycée romano-catholique de Târgu-Mures comme une violation des droits des minorités nationales est contraire à la réalité.
Un grand nombre d’exemples vient confirmer le fait que l’Etat roumain assure le droit à l’enseignement en langue maternelle des membres de la communauté magyare. En effet, cette communauté d’environ 1 million et demi de personnes, qui vivent surtout en Transylvanie, jouit du droit d’instruction en langue hongroise, depuis la maternelle jusqu’aux études post-universitaires. En outre, les politiques de l’Etat roumain en matière d’éducation ont toujours tenu compte des prétentions de la principale formation politique de cette minorité, à savoir l’Union démocratique des Magyars de Roumanie. Dans l’histoire post-communiste de la Roumanie, ce parti a été représenté sans discontinuer au sein du Parlement, étant souvent coopté dans les gouvernements de coalition.