Bilan des 6 premiers mois de la coalition à la gouvernance
Roxana Vasile, 27.05.2022, 12:22
Ennemis
jurés il y a très peu de temps, le Parti National Libéral (PNL) et le Parti Social-Démocrate
(PSD) ont décidé il y a 6 mois de gouverner ensemble en Roumanie, épaulés par l’UDMR,
représentante de la minorité magyare. Le tout pour sortir de l’impasse, former
un majorité « confortable » au Parlement et pouvoir continuer leurs projets.
Du coup, il la fallu harmoniser les 3 doctrines politiques afin de bien
gouverner le pays jusqu’aux prochaines élections législatives. Après des négociations
intenses, les portefeuilles des ministères ont été distribués, les parties convenant
que le premier ministre soit issu du PNL jusqu’à novembre 2023, pour être suivi
par la suite par un premier ministre social-démocrate jusqu’au scrutin
législatif de 2024. Mais le contexte dans lequel ils se retrouvent au pouvoir
est extrêmement difficile – les effets de la pandémie sont toujours bien
présents, les prix de l’énergie et du gaz ont carrément explosé, l’inflation a
atteint un niveau record et, plus encore, l’Ukraine, pays voisin de la
Roumanie, est en guerre, d’où un flux important de réfugiés à gérer par les dirigeants.
Tout cela a aussi des conséquences sur la qualité de vie de Roumains. Et, vu
que le prochain scrutin législatif est encore très loin, pour l’instant la
coopération entre le PNL et le PSD fonctionne, bien que les deux camps soient
toujours très bien délimités. En témoigne, par exemple, le fait que le bilan de
6 premiers mois de gouvernance commune a été présenté par le leader de chaque
parti, en séances séparées.
En
voici les principaux repères.
Par la voix de leur chef de file et premier
ministre, Nicolae Ciuca, les Libéraux affirment approcher « pas à pas » les
objectifs envisagés dans le programme de gouvernance. Les ministères ont travaillé
intensément pour ne pas rater les chances uniques dont le pays bénéficie en ce
moment, a précisé le chef de l’Exécutif. La Roumanie connaît la croissance économique
la plus élevée de l’UE, ayant à sa disposition 90 milliards d’euros pour se
développer et se moderniser, a-t-il expliqué. Le pays bénéficie aussi des
garanties de sécurité les plus fortes, grâce à son appartenance à l’UE et à l’OTAN,
renchérit Nicolae Ciuca.
Du
côté des Sociaux-Démocrates, le chef du parti, Marcel Ciolacu, a mis en
évidence le fait qu’au cours de ces 6 mois de gouvernance, l’accent a été mis
sur les mesures sociales et économiques censées soutenir la population et le milieu
des affaires. La majoration du SMIC, des pensions de retraite et des
allocations familiales, l’aide financière accordée par temps d’hiver aux
retraités aux bas revenus ou encore la prolongation du paiement du chômage technique
– autant d’exemples énumérés par le chef du PSD.
Toutefois, a en croire l’opposition, l’image
de la Roumanie est complètement différente, voire au pôle opposé. Après avoir quitté
en septembre dernier la gouvernance qu’elle assurait aux côtés du PNL, l’Union
Sauvez la Roumanie (USR) affirme que la Roumanie se dirige vers une catastrophe :
elle prend des crédits sur les marchés des capitaux aux taux d’intérêts les plus
élevés des 20 dernières années, la dette publique dépasse les 50% du PIB, l’inflation
a atteint des niveaux record, les prix ne cessent de croître et la population s’appauvrit,
alors que les relations clientélaires des partis prospèrent. A son tour, le
parti ultra-nationaliste l’Alliance pour l’Union des Roumains (AUR) estime que
la Roumanie est au bord de la faillite à cause du PSD et du PNL, qui ont doublé
les prix des carburants ou ont permis la vente du gaz naturel qui sera bientôt exploité
en mer Noire.
Voilà
pour le bilan des 6 derniers mois de gouvernance, tel qu’il est vu par la classe
politique roumaine. A la population maintenant d’en tirer ses propres
conclusions et de s’exprimer aux urnes, au scrutin législatif de 2024.