Bessarabie et Roumanie
En dépit de l’inflammation de l’espace publique roumain par la campagne électorale des présidentielles du mois prochain, le centre-ville de Bucarest est devenu ce dimanche dernier un espace de la concorde. Quelques heures durant les passions politiques internes ont été suspendues au nom d’un objectif au delà des partis : la solidarité avec la République de Moldova. Plus de 10 mille personnes, selon les organisateurs, ont participé à une marche exprimant le soutien à la vocation européenne de l’Etat voisin. Etudiants et retraités, enseignants universitaires et simples ouvriers, de droite ou de gauche, bucarestois ou spécialement venus de Kichinev pour participer à cette marche, les manifestants estiment que dans l’actuel contexte économique, l’union des deux Etats est la seule solution pour que la République de Moldova ne devienne la proie d’une agression russe comme celle déclenchée contre l’Ukraine.
Bogdan Matei, 13.10.2014, 14:34
En dépit de l’inflammation de l’espace publique roumain par la campagne électorale des présidentielles du mois prochain, le centre-ville de Bucarest est devenu ce dimanche dernier un espace de la concorde. Quelques heures durant les passions politiques internes ont été suspendues au nom d’un objectif au delà des partis : la solidarité avec la République de Moldova. Plus de 10 mille personnes, selon les organisateurs, ont participé à une marche exprimant le soutien à la vocation européenne de l’Etat voisin. Etudiants et retraités, enseignants universitaires et simples ouvriers, de droite ou de gauche, bucarestois ou spécialement venus de Kichinev pour participer à cette marche, les manifestants estiment que dans l’actuel contexte économique, l’union des deux Etats est la seule solution pour que la République de Moldova ne devienne la proie d’une agression russe comme celle déclenchée contre l’Ukraine.
Ce fut la troisième édition de la Marche pour la Bessarabie, manifestation inaugurée en 2012 lors de la commémoration de 200 ans depuis la première annexion de cette province roumaine par la Russie, alors ayant le Tzar à sa tête. Sur une partie du territoire de la Bessarabie historique , unie avec la Roumanie après la première guerre mondiale et ré-annexée par l’Union Soviétique en 1940, on a crée l’actuelle République de Moldova qui a proclamé son indépendance après l’échec du putsch néo-bolchevique de Moscou d’août 1991. « Bessarabie – égal Roumanie » – a été le slogan scandé le pus souvent lors de la marche de dimanche et les dernières statistiques sociologiques confirment l’opinion partagée par une bonne partie de la société. Le taux des citoyens roumains qui se prononcent pour l’union a été toujours accablant — de 70% à 90%.
Quoique plus réticents depuis toujours, les citoyens de Bessarabie semblent avoir progressivement secoué les préjugés anti-roumains inoculés par un demi-siècle d’occupation soviétique. Selon les sondages de cette dernière année , 52% des habitants de Bessarabie sont devenus, eux aussi, favorables à l’idée unioniste. Pourtant, personne ne se fait l’illusion que l’union puisse se faire demain. La formule courante dans le discours des politiciens, Roumains des deux rives du Prut, c’est qu’ils vont se retrouver le plus probablement au sein de l’Union Européenne.
Résolument pro-occidentale, la coalition gouvernementale tripartite de Kichinev a promu, ces cinq dernières années, des reformes profondes, souvent douloureuses, récompensées cet été par l’Union Européenne par des accords d’association et de libre échange. Mais , dans seulement un mois et demi, le 20 novembre, on a organisé des élections parlementaires dont l’enjeu n’est pas uniquement politique mais géopolitique. Côté comme occupant la première place dans les sondages concernant les intentions de vote, le parti communiste pro-Moscou, impénitent et assoiffé de revanche après avoir raté le pouvoir en 2009, menace de détourner la République de Moldova de Bucarest et Bruxelles vers la Russie de Vladimir Poutine. (aut. Bogdan Matei, trad. Costin Grigore)